L’Union européenne à travers ses diverses instances (Commission, Parlement, ONG...) a élaboré de multiples rapports sur sa relation avec le Maroc. Elle a fait passer divers messages en direction de Rabat, dont le dernier a donné lieu à une conférence de presse de l’ambassadeur de l’UE (L’Economiste du 27 avril 2009). Il y a distribué les bons et les mauvais points sur les réformes en cours dans le Royaume et leur état d’avancement. Le mécanisme est récurrent depuis une quinzaine d’années puisque l’Union européenne a pris l’habitude de négocier cartes sur table.
En face, personne !
La partie marocaine restait toujours très discrète. Du moins jusqu’ici, puisque dans le présent dossier, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, Youssef Amrani, a bien voulu détailler les attentes du Maroc, pour les lecteurs de L’Economiste. Il est bien sûr trop tôt pour dire si cette sortie marocaine, alors que s’ouvrent les travaux du Comité, est un changement profond dans les méthodes de la diplomatie. En tout cas, il y a déjà une première démarche de considérer que les premiers destinataires du suivi des accords avec l’UE (Association, Politique européenne de voisinage -PEV- et tout dernièrement Statut avancé) sont les entreprises.
La réunion du comité d’association n’a pas de dossier difficile, sauf celui de la réadmission des clandestins arrêtés en Europe. La Commission exerce de fortes pressions, voire menace directement Rabat, pour que le Maroc accepte tous les clandestins pour qui l’Union trouvera un lien avec le Royaume. Ce dernier ne veut pas en entendre parler. D’une part il redoute que la définition du lien ne soit très élastique, d’autre part, et encore moins que les pays européens, le Maroc n’a pas les moyens d’accueillir la misère du monde, pour reprendre une expression de Sarkozy, alors qu’il était ministre de l’Intérieur. Et pour corser le tout, les capitales européennes ne sont pas d’accord entre elles sur la politique d’immigration, a fortiori sur la marche à suivre vis-à-vis des clandestins. C’est donc le pire des dossiers de ce Comité.
Le reste est plutôt bon enfant. Youssef Amrani résume l’ambiance : « Le Maroc se distingue de manière significative en réalisant la meilleure performance régionale au niveau de la PEV » : Rabat doit aller plus vite sur ses réformes de la justice, de la presse et de l’Education nationale ; il est plutôt bien noté sur les harmonisations de normes et de procédures... D’ailleurs le secrétaire général des AE le souligne aussi souvent que possible : le Maroc est en avance sur de nombreux points.
Capacité des acteurs
Les travaux de ce Comité précèdent de peu le Conseil d’association. Ce conseil, qui est l’instance dirigeante, recevra aussi les rapports du groupe ad hoc, chargé du suivi et de veiller à la mise en œuvre des actions comprises dans le Statut avancé : il faudra « mettre sur la table une panoplie de mesures avec des projets concrets et concernant l’ensemble des secteurs prioritaires pour le Maroc, à savoir l’éducation et la recherche, le soutien à la réforme du secteur agricole, l’attraction des investissements ainsi que la création de nouveaux canaux de dialogue et de concertation réguliers entre le Maroc et l’UE au niveau politique et social », rappelle le secrétaire général.
« L’application effective du Statut avancé demeure tributaire de l’accompagnement et de la mobilisation effective de l’UE ainsi que de la capacité de l’ensemble des acteurs nationaux à s’approprier sa mise en œuvre, en générant les synergies et complémentarités nécessaires », souligne Youssef Amrani.
Source : L’Econimiste - N. S.