
Le Maroc s’apprête à mettre en œuvre la vision stratégique lancée par le roi Mohammed VI, afin de « placer le pays sur la voie d’un développement économique et social durable et global ».
Le Roi Mohammed VI se rend cette semaine dans la région orientale du Royaume frontalière avec l’Algérie. Là où précisément, Feu Hassan II et l’ancien président Chadli Benjedid avaient pris l’habitude de se rencontrer. Il n’en fallait pas plus pour que l’éventualité d’un Sommet entre le souverain marocain et le président algérien soit de nouveau évoqué.
Le Roi Mohammed VI du Maroc se rend cette semaine dans la région orientale du Royaume, frontalière avec l’Algérie, pour inaugurer des projets socio-économiques. Bien que le souverain a habitué les Marocains à se déplacer beaucoup à travers les wilayas et provinces du pays, l’éventualité fort probable de ce voyage suscite dans les milieux politiques un vif intérêt. Plusieurs sources s’accordent à croire que Mohammed VI pourrait profiter de ce séjour pour rencontrer son homologue algérien le président Abdelaziz Bouteflika. Les deux chefs d’Etat renoueraient ainsi avec ce que leurs prédécesseurs, Feu Hassan II et Chadli Benjedid, avaient pris l’habitude de faire au milieu des années quatre vingt.
Après un froid de plusieurs années à cause du conflit du Sahara, la possibilité d’un sommet maroco-algérien a été lancée lors de la visite de travail effectué en janvier à Rabat par Abdelaziz Belkhadem, chef de la diplomatie algérienne. Une folle rumeur avait d’abord laissé croire à l’organisation de ce Sommet à Paris, sous les hospices du président français Jacques Chirac, en marge du Sommet Afrique-France que la capitale française a abrité les 19,20 et 21 février.
Devant l’impossibilité d’une telle rencontre en dehors du territoire des deux pays pour des raisons de fierté nationale, on s’attendait au moins à une rencontre informelle. Mais en dehors d’une poignée de mains chaleureuse au dîner de l’Elysée, les « guetteurs » du Sommet sont restés sur leur faim.
En sera-t-il de même cette fois-ci ?
La sensibilité et la complexité des relations entre les deux pays sont telles que l’on observe à ce sujet une extrême prudence. Même Jacques Chirac s’est interdit de lors de sa dernière en Algérie d’en dire trop sur son désir de parrainer ou tout au moins d’assister à la normalisation des rapports entre Rabat et Alger.
Le président français a, bien entendu, plaidé pour un dialogue soutenu entre les deux capitales considérant que cela permettrait de progresser vers une solution.
Il s’est également fait l’avocat des propositions de James Baker pour une solution politique qui mérite à ses yeux d’être sérieusement examinée. Il s’est toutefois gardé d’aller plus loin de peur de heurter la sensibilité des Algériens. Il a dans ce sens déclaré qu’il n’était pas question pour lui de « s’ingérer dans les affaires algériennes ni dans les affaires marocaines ni dans les affaires maroco-algériennes ».
Néanmoins, la prudence toute diplomatique du chef de l’Etat français cache mal la volonté de Paris d’aider les deux pays à aplanir les difficultés. Chirac n’a pas dévoilé grand chose à ce sujet. C’est cependant bien la première fois qu’un président de l’ancienne puissance coloniale s’exprime aussi clairement en public et sur le territoire algérien.
De là à croire que des avancées ont été réalisées sur cette voie, il n’y a qu’un pas que beaucoup n’ont pas hésité à franchir. Ils en veulent pour indice sérieux l’imminence de l’ouverture des frontières entre les deux pays sur laquelle planche un groupe commun de travail depuis la visite du ministre des Affaires étrangères algérien à Rabat.
Un Sommet aux postes frontaliers entre les deux pays - Jouj Bghal pour le Maroc, Akid Lotfi pour l’Algérie - remettrait en mémoire les rencontres entre feu Hassan II et Chadli Benjedid. C’est là que les deux ex-chef d’Etat, sous le regard bien veillant du Roi Fahd d’Arabie Saoudite, avait commencé à esquisser une solution politique qui ressemble de près aux propositions de James Baker. Vingt ans plus tard, les peuples des deux pays vont-ils enfin assister à la sortie d’une situation de ni guerre ni paix.
Trop tôt pour l’affirmer tant l’ambiguïté de leurs relations est forte, et la complexité des rapports de force inter-algériens est réelle. Tout au plus, allons-nous assister à la « congélation » du dossier shara, au profit de la « coopération possible » : taire les querelles politiques et privilégier l’échange économique. Encore qu’à ce jour de source proche de la diplomatie marocaine exclue l’éventualité de cette rencontre pour cette semaine.
Naïm Kamal pour lobservateur.ma
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