L’Espagne semble avoir trouvé un début de solution à l’épineuse question des émigrés mineurs d’origine marocaine : les expulser. Et ce, sans aucune forme de procès et en toute “légalité”. L’exécutif vient, en effet, de recevoir le feu vert pour refouler tous les jeunes de plus de 16 ans.
Les autorités judiciaires en ont décidé ainsi. Sur instruction du procureur général de l’Etat, informe Europa Press, ces mineurs non accompagnés seront désormais reconduits aux frontières sans grande difficulté ni “entraves”.
Le parquet a pris une telle décision, explique-t-on, pour alléger la pression sur les centres d’accueil de mineurs que l’ont dit débordés et incapables de recevoir davantage de pensionnaires.
Désormais les jeunes se verront appliquer de régime juridique d’extradition en vigueur en matière de l’émigration clandestine. Selon une convention signée avec le Maroc les clandestins subissent, en effet, une procédure d’extradition rapide ; ils sont refoulés en moins de 72 heures après leur arrestation par la police.
Les autorités espagnoles estiment en agissant de la manière réduire l’affluence de l’émigration des mineurs dont la forme vient de subir un changement radical pendant ces derniers mois.
Nous ne savons pas exactement le nombre des mineurs ayant atteint les cotes andalouses durant les dernières arrivées en masse des émigrés, déclare récemment, en substance, Jesús Cardenal, procureur général de l’Etat. Mais, “la manière de leur arrivée a changé. Avant, ils venaient séparément et ils arrivent en groupes” affirme-t-il. Le responsable espagnol affirme, en outre, que les mineurs arrivés dernière sur les cotes espagnoles a bord d’embarcations de fortunes ont été recrutés dans différentes régions du Maroc par des rabatteurs de mafias de l’émigration clandestine. Ils ont séjourné, explique le procureur général, cité par Europa Press, près des plages du Nord du Maroc dans des conditions “infrahumaines” avant leur embarquement clandestin vers l’Espagne.
Ces jeunes, une fois atteint le territoire espagnol devraient normalement jouir des droits accordés par la loi des mineurs. En principe et avant cette décision de la justice espagnole, ils ne doivent pas être reconduit aux frontières, ils sont pris en charge par les autonomies et hébergés dans des centres d’accueil où leur est dispensée une formation à même de faciliter leur intégration dans le marché du travail et au sein de la société espagnole. Or les autorités espagnoles semblent avoir trouvé une parade à cette obligation de prise en charge des émigrés mineurs. La loi a été votée “en pensant aux mineurs nationaux” et a été détournée en faveur des émigrés clandestins, prétends le procureur général de l’Etat.
Chose encore plus aggravante, affirme le responsable de la justice, ces mineurs commencent à arriver en masse sur le territoire espagnol “nous nous somme trouvé presque subitement avec une grande affluence des mineurs entrés illégalement en Espagne, parce que s’ils arrivaient d’une manière légale ils seraient traités comme les Espagnols” soutient-il. Selon le même responsable quelques 6.200 mineurs sont entrés de manière légale en Espagne durant l’année 2002, 75% d’entre eux sont d’origine marocaine.
De tels chiffres combinés à ceux publiés régulièrement par différentes institutions espagnoles sur notamment les taux de délinquance et de criminalité au sein de la classe des mineurs crée ne manque pas d’aggraver davantage le sentiment de refus de la société espagnole envers la population émigrée. Les jeunes émigrés et les moins jeunes sont de plus en plus facilement catalogués “délinquant” pas la société. “Pour un simple citoyen, nous explique un chercheur universitaire espagnol, un émigré mineur qui se trouve dans la rue à des heures inattendues ne pourrait pas, en toute logique, fréquenter une école ou un centre de formation parce qu’il est dans la rue au moment il devait être sur le banc de l’école ou dans l’institution de formation. Non accompagné qu’il est et ne pouvant pas trouver du travail parce que la législation espagnole interdit le travail des enfants, il ne lui reste qu’une seule possibilité pour survivre : faire les poches des passants”.
Tahar Abou El Farah pour libération