Bladi.net : Quelle est la situation du métier d’opticien au Maroc aujourd’hui et quelles sont vos revendications ?
Mohamed Bettoula : De toutes les professions réglementées au Maroc, la profession d’opticien est la moins protégée. Rien n’est fait pour que ce métier soit exercé dans le strict respect de la loi. Les faux opticiens continuent à proliférer sans aucune impunité, voire même avec la complicité des autorités qui sont censés nous protéger, d’où le ras-le-bol actuel des professionnels.
Bladi.net : Est-ce que, selon vous, les lunettes importées de Chine sont un réel problème de santé publique, ou simplement une concurrence que vous estimez déloyale ?
Mohamed Bettoula : Figurez-vous, que même de hauts responsables nous ont posé cette question pour justifier leur passivité à faire respecter la loi. Parmi les produits chinois importés, on trouve du bas au haut de gamme. Donc, c’est plutôt aux pays d’imposer leurs normes, de les contrôler et de sanctionner durement les importateurs qui ne les respectent pas. Au Maroc, où ces produits sont en majorité un réel problème de santé publique, ces standards ne sont pas pris en considération. C’est pour cela que l’on voit partout des lunettes, lentilles et verres de corrections faits à base de déchets plastiques et ferreux recyclés, circuler sous le regard passif des autorités.
Quant à la concurrence, on ne peut en parler qu’à produit et service égaux fournis conformément aux lois en vigueur, ce qui n’est malheureusement pas le cas au Maroc.
Bladi.net : Existe-t-il des cas de victimes de lunettes chinoises au Maroc ?
Mohamed Bettoula : A part les cas rencontrés dans nos officines, ou ceux cités dans des reportages télévisés parlant de personnes ayant perdu la vue, il n y a pas de statistiques officielles sur les victimes de lunettes chinoises, comme c’est le cas en Europe, ou l’on a la preuve irréfutable que certains produits chinois tuent.
Bladi.net : On parle également de diplômes au rabais ou achetés à l’étranger, est-ce vraiment le cas aujourd’hui au Maroc ?
Mohamed Bettoula : Au Maroc, les diplômes d’opticien peuvent désormais être achetés sur place et à moindre prix. Depuis sa création, le syndicat a œuvré pour la création d’une formation universitaire d’opticien à Marrakech et à l’élaboration d’un référentiel national de formation. Toutefois les autorités de tutelle condamnent ce processus, en autorisant l’ouverture d’écoles privées de formation professionnelle, qui proposent une pseudo formation à des étudiants inscrits de bonne foi, et vendent aussi des diplômes à des individus qui n’assistent à aucun cours, ou à des cadres et secrétaires qui travaillaient à temps plein dans des sociétés de distribution de produit d’optique, ainsi qu’à des personnes sans aucun niveau d’étude.
Serait-ce trop demander pour la bonne santé visuelle de nos concitoyens, qu’un référentiel et un examen national soient obligatoires ?