Désormais en Italie, l’immigration, c’est simple comme un clic. L’attribution des 170 000 permis de séjour que le gouvernement a décidé d’accorder en 2008 à des travailleurs extra-communautaires se fera exclusivement par Internet.
Chaque année, le quota des étrangers autorisés à séjourner dans la Péninsule est fixé par décret. En 2007, la répartition des précieux sésames entre les 520 000 bénéficiaires du "décret sur les flux" avait donné lieu à des queues interminables et des bagarres devant les bureaux de poste et les préfectures. C’est pour éviter ces scènes de bousculade que le ministère de l’intérieur a décidé d’informatiser toute la procédure.
Les conditions restent les mêmes : pour obtenir un permis de séjour il faut pouvoir se prévaloir d’un contrat de travail en bonne et due forme. Depuis le 1er décembre, les candidats à l’immigration et leurs employeurs potentiels peuvent télécharger les formulaires d’inscription sur le site du ministère de l’intérieur. Pour déposer les dossiers, tout le monde sera sur la même ligne de départ : il suffira d’être devant son ordinateur, le doigt sur la souris, samedi 15 décembre à 8 heures précises.
D’un seul clic
Toutefois, dans le monde virtuel aussi, les premiers arrivés sont les premiers servis, même s’ils ne sont départagés que par quelques millièmes de secondes. Pour avoir sa chance dans ce que la presse a baptisé "la loterie des immigrés", mieux vaut être équipé du haut débit. Ou tout simplement savoir se servir d’un ordinateur.
Selon l’institut Censis, 45 % des Italiens seulement sont connectés à Internet. Le petit entrepreneur de Vénétie qui veut embaucher un maçon marocain est-il équipé du software adéquat ? Que peut espérer l’immigré venu de la corne de l’Afrique si son modem rame moins vite que le rafiot qui l’a conduit en Sicile ?
Pour familiariser les centaines de milliers de demandeurs avec l’outil informatique, le ministère de l’intérieur et les associations ont multiplié les actions d’information. Les syndicats proposent une aide encore plus concrète, car la loi prévoit qu’ils peuvent présenter les dossiers pour le compte de tiers. La seule Confédération générale italienne du travail (CGIL, équivalent de la CGT en France) estime qu’elle aura pris en charge environ 200 000 personnes. Sur les 170 000 permis de séjour autorisés en 2008, 47 100 sont réservés aux ressortissants des pays ayant signé un accord de coopération avec l’Italie. Plus de 65 000 concerneront le secteur des employés de maison et de l’aide à la personne.
Près de 95 % des demandes de permis de séjour concernent des personnes déjà présentes sur le territoire italien et qui, pour la plupart, ont un emploi. Le "décret sur les flux" s’apparente à une régularisation déguisée qui permettra à des étrangers, non pas d’entrer en Italie mais de sortir de la clandestinité et d’exister. D’un seul clic.
Le Monde - Jean-Jacques Bozonnet
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