Parmi les 128 "ethnies" que compte le Québec, terre de prédilection des émigrants maghrébins, les originaires du Maroc, estimés à près de 80.000 âmes, entament depuis quelques années un effort associatif organisé dans le but de "marquer leur territoire" identitaire et culturel à l’instar des autres communautés sur lesquelles compte le Canada, avec ses dix provinces, pour valoriser son choix de la diversité, source de vitalité et d’enrichissement.
Nourrie, sur les dix dernières années, par un rythme soutenu et croissant de nouvelles arrivées, la communauté marocaine, majoritairement concentrée dans la Métropole de Montréal, s’offre, depuis deux ans à la société québécoise sous "les Couleurs du Maroc à Montréal", un rendez-vous de deux semaines qui expose le Maroc dans la large palette de ses expressions culturelles, les plus anciennes comme les plus modernes, mais qui vise aussi à enrichir la communauté marocaine et maghrébine par l’apport des expressions venues d’autres horizons et qui, toutes, fécondent la société d’accueil.
Pour cette année, ce rendez-vous printanier, qu’organise pour la 2ème fois la Fédération marocaine du Canada (FMC, avec les associations, aux activités diverses au sein de la communauté, qu’elle fédère), a été placé, de par sa programmation, sous le signe de la connaissance et de l’échange sur des thématiques aussi inédites que fédératives pour toutes les cultures de la mosaïque québécoise.
Des échanges qu’ont parfaitement illustré tout d’abord deux expositions, l’une croisant les regards d’un Québécois qui peint le Maroc et d’un Marocain qui croque le Québec, alors qu’une deuxième, une série d’une quarantaine d’instantanés, "fixe" des Canado-marocains, "Des bâtisseurs venus d’ailleurs", sur leurs lieux de travail, sur un chantier d’aéronautique, dans un cabinet de médecin, dans un bureau de PDG, dans l’enceinte d’une mosquée (Imam) à un voyage parmi les Marocains qu’ont complété aussi deux récents long-métrages : "Et après", de Mohamed Ismaël, qui traite du phénomène tragique des "paterras" et "Mona Saber", femme à la recherche de son identité qu’accompagne avec tendresse la caméra du réalisateur Abdelhay Laraki.
Mina Zine Eddine