Le compositeur Mohamed Rifai a assigné DJ Van en justice à cause de la chanson « Enty » interprétée par Saad Lamjarred en 2014.
Pour 10.000 euros, des faux contrats de travail en Espagne sont vendus à des Marocains rêvant de l’eldorado européen. Adil, 24 ans, le regard un peu perdu, explique avec amertume le choix qu’il a fait. Travaillant à Casablanca dans un centre d’appel, démarchant des clients en Belgique, il gagne plus de 4000dh par mois, mais ne supporte plus le rythme effréné imposé par l’employeur. Le manque de perspectives professionnelles au Maroc le déprime. Émigrer en Europe, il en a longtemps rêvé.
Quand l’occasion s’est présentée, il y a quelques mois, il a tout de suite été d’accord. Son « bienfaiteur », un Marocain patron d’un grand restaurant au Nord de Madrid, lui propose un poste à durée indéterminée. Avec les papiers qui vont avec, mais moyennant 10.000 euros, presque 100.000 dirhams. Une fortune, qu’il essaie toujours d’amasser. Mais c’est le prix du marché.
Tahar, 20 ans, vient de payer la même somme. Il explique : « C’est le prix que proposent tous les intermédiaires, auparavant c’était moins cher, mais ça a monté. Je connais des amis qui sont partis pour 5.000 euros, il y a deux ou trois ans ». Lui va quitter en janvier son poste reconnu et qualifié à Casablanca dans un centre de support technique pour une grande entreprise informatique contre un autre poste, dans une usine de boîtes de conserve à Barcelone. Un contrat de tout juste un mois, mais qui lui permettra d’obtenir les précieux papiers.
Le procédé est bien rodé : le patron espagnol vend son contrat, un contrat à durée déterminée, à un commissionnaire. « Dans mon cas, raconte Tahar, l’entreprise n’est qu’une façade, elle sert de vitrine : son seul fonds de commerce est le commerce des contrats. C’est un MRE qui a créé cette entreprise après avoir épousé une Espagnole », dit-il. Le commissionnaire achète le contrat à 7.000dh et le revend à 10.000dh à un Marocain qu’il rencontre en se rendant sur place.
Avec la plus-value, il prend en charge les frais d’avocat en Espagne pour obtenir l’autorisation d’entrée sur le territoire, grâce au contrat de travail et après s’être assuré que l’aspirant émigrant n’a aucun antécédent judiciaire, ni maladie contagieuse. Le consulat, après avoir vérifié les informations auprès de l’employeur, délivre le visa.
Le contrat de travail ne joue que le rôle de prétexte pour le précieux visa. Car rares sont ceux qui gardent le poste en question. Dès la fin du contrat, ils partent vers une autre ville d’Europe, rejoignant un proche, le plus souvent en France, mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas, etc.
Adil comme Tahar rêvent de reprendre leurs études, ils ont des ambitions professionnelles, qu’ils savent irréalisables au Maroc. Mais pour atteindre ce rêve, ils savent qu’il leur faudra éviter quelques écueils.
Notamment ceux des faux intermédiaires : prétendant vendre un contrat de travail, ceux-ci repartent en Espagne avec un chèque, laissant un escroqué derrière eux. Une pratique qui se contourne quelquefois, en exigeant de l’intermédiaire qu’il donne un chèque de caution.
Mais bien souvent, le moyen le plus sûr pour trouver l’intermédiaire fiable, c’est le bouche-à-oreille. Comme dans toute activité illégale, l’offre ne rencontre pas la demande au grand jour. Comment trouver un intermédiaire dans ces conditions ? Les Marocains ayant réussi l’expatriation ainsi indiquent à leurs proches la personne digne de confiance. Celle-ci finit par être connue par de plus en plus de monde, et trouve là son activité professionnelle.
Pour Adil comme Tahar, c’est la famille qui a permis de trouver l’intermédiaire. Adil raconte ainsi : « C’est ma mère qui, en se rendant à ses cours de gym, a appris qu’une de ses amies avait un frère en Espagne, et celui-ci cherchait un employé pour son restaurant ». Et c’est encore la famille qui cotise pour payer la somme faramineuse qui permet à l’un des leurs de partir.
De tels efforts et ressources, consacrés au simple objectif de fuir le pays, ne manquent pas de soulever des questions : avec respectivement un diplôme de gestion et comptabilité et une licence en informatique, Adil et Tahar n’envisagent même pas de réaliser leurs rêves dans leur pays. Ce trafic de contrats de travail ne fait finalement que révéler la profondeur de cette désillusion.
Libération France – Antony Drugeon
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