Amnesty International, le Comité Helsinki des droits de l’homme de Bosnie-Herzégovine et le Comité international des droits de l’Homme ont exprimé leur inquiétude concernant les activités de la Commission d’État de Bosnie-Herzégovine pour la révision des décisions sur la naturalisation des citoyens étrangers (dont des Marocains) qui a commencé son travail en mars 2006. Car ses décisions pourraient entraîner le transfert de personnes vers des pays où elles risqueraient de graves violations de leurs droits humains.
En effet, au cours de la guerre yougoslave, plus de 5000 musulmans, parmi eux des Marocains, s’étaient rendus entre 1991 et 1995 dans ce pays pour soutenir les musulmans. Environ 1500 parmi ces volontaires musulmans venus du monde entier sont ensuite restés en Bosnie et ont acquis la citoyenneté bosniaque. Soit en reconnaissance de leurs bons et loyaux services dans la défense de la Bosnie agressée soit suite à un mariage avec une bosniaque.
Or, nous apprend le président du « Collectif Guantanamo- France » Fausto Giudice, journaliste indépendant, écrivain et éditeur (collectif créé pour défendre les détenus de Guantanamo) voici que, depuis quelques mois, le gouvernement bosniaque a constitué une commission chargée de réexaminer le dossier de ces anciens combattants et de leur retirer leur nationalité. Selon lui : « 330 hommes ont déjà été frappés par cette mesure, 500 autres sont en attente de passer devant la commission. Une fois privés de leur nationalité bosniaque, les intéressés disposent de deux mois pour trouver un pays d’accueil. Et la plupart d’entre eux n’en trouvent évidemment pas. Quel pays, cinq ans après le 11 septembre, serait-il disposé à accueillir des combattants de la liberté désormais étiquetés « terroristes jihadistes » ? », se demande-t-il.
« Oui, il y a des Marocains parmi les anciens combattants musulmans concernés par les retraits de citoyenneté bosniaque », nous a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Mais au stade actuel de notre enquête -difficile, car les gens ont peur - nous ne pouvons vous en dire plus ». La seule information qu’il a pu nous apprendre à ce sujet c’est que « l’un d’eux, Saïd Othmani, a été expulsé de Bosnie vers le Maroc en mars ou avril 2006 et il se trouve actuellement au Maroc, où il serait en liberté... ».
Ces nouvelles actions entreprises par le gouvernement bosniaque s’expliquent par sa volonté d’intégration à l’Europe. L’expulsion des combattants musulmans est une des conditions posées à la Bosnie par l’Union européenne et par l’OTAN pour son adhésion à ces deux structures.
Les anciens combattants de liberté bosniaque qui ont essayé de quitter la Bosnie ont été arrêtés en France, Italie... Ces ex-combattants musulmans, dont un certain nombre de Maghrébins, qui sont presque tous âgés de 40 ans et plus, n’ont évidemment rien à voir avec le terrorisme, précise Fausto Giudice : « ils s’étaient tous refait une vie civile et familiale pacifique. Ce n’est pas l’avis de Bruxelles, Berlin, Londres, Rome et Paris ni bien sûr de Washington. Il serait temps que les défenseurs des droits de l’homme et du citoyen et les parlementaires européens s’alarment de ce scandale. Sinon, des centaines d’hommes se retrouveront à terme dans des prisons marocaines, tunisiennes, algériennes... ».
Le Reporter - Brahim Mokhliss