Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue « l’boufa » qui détruit les jeunes marocains en silence.
"Autour de la ville du Chaoun, les faucilles étincelaient dans la lumière mince du matin pendant que les ouvriers de ferme coupaient et empilaient du cannabis, récoltant la moisson de cette année". Cette description bucolique empruntée au Daily Telegraph est trompeuse. C’est de la culture du cannabis dont il s’agit. Le journal britannique y a d’ailleurs consacré un reportage dans son édition du 9 août. L’on savait que le kif couvrait à profusion les vallées du Rif.
"La récolte illicite est la plus grande source de la devise étrangère du Maroc et, selon des évaluations d’UE, cela équivaut à 2 milliards de livres sterling par année, faisant du pays le plus grand exportateur du hachish du monde". mais il y a peut-être quelque chose de plus grave. Pour le Daily, pendant longtemps, le commerce de contrebande qui accompagne la culture de cannabis dans cette région appauvrie, à caractère violemment indépendant, a prospéré. "Mais maintenant, et depuis le 16 mai, quand les attaques islamiques ont tué plus de 40 personnes à Casablanca, tout est sur le point de changer". Un rapport qui a circulé parmi les fonctionnaires marocains et les diplomates occidentaux laisserait entendre que certains bénéfices du cannabis financeraient le terrorisme islamique. "Il est dit que peut-être des cellules de terroristes, basées à Tanger, ont été impliquées dans l’industrie de contrebande de drogue", déclare une source diplomatique occidentale, citée par le Daily Telegraph.
Pascual Moreno, directeur d’un programme d’anti-drogues de l’UE dans le secteur, a indiqué que des mesures doivent être prises bientôt. Moreno, un agronome espagnol a déclaré : "A l’avenir, s’ils ne règlent pas ce problème, ils feront face à la probabilité d’un séparatisme accroissant dans le Rif et d’une croissance de terrorisme islamique plus généralement". "C’est un secteur potentiellement explosif".
Le journal souligne que dans cette région de cinq millions habitants, un million de personnes dépendent du cannabis pour vivre. "Le taux de la culture du kif au Maroc est bien plus haut que les fonctionnaires veulent bien admettre".
Il a dit que la culture du kif s’étend loin de son secteur traditionnel, avec une moisson doublant tous les trois ans : 600 hectares sont maintenant destinés à la culture du kif.
"Sur la route de 60 milles de Chaoun à Ketama, les colporteurs sortent sporadiquement des abris des arbres de pin, brandissant des galettes de hachish, mélangées avec de l’excrément de chèvre".
La récolte est ainsi développée sur le bord de la route, légèrement voilé, par une rangée ou deux de maïs. Le long de cet itinéraire est passés vers l’Europe, en contrebande, environ 70% du hachish, selon l’Association de Douane du Monde.
Selon le Daily, les contrebandiers qui viennent pour acheter sont impliqués non seulement dans le commerce du hachish à travers le détroit du Gibraltar mais également dans l’organisation de l’immigration clandestine. Un expert marocain en culture du kif est sceptique quant à un grand changement, précisant que la récolte est légal dans la région mais c’est son transport qui ne l’est pas. "Ils payent juste la police dans les points de contrôle," dit-t-il. "C’est les personnes puissantes qui se déplacent et qui commandent la contrebande, comment se fait-il que les cultivateurs soient toujours des pauvres ?"
L’économiste
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