Technocrate âgé de 52 ans, Djettou n’est affilié à aucun parti politique et il a déjà été ministre des Finances et du Commerce. Il a également été directeur général de plusieurs entreprises marocaines, dont l’Office chérifien des phosphates.
A l’issue des élections législatives du 27 septembre, le Parti socialiste est arrivé en tête, sans pour autant obtenir la majorité, et 22 partis sont représentés au Parlement qui compte 325 sièges.
Les élections se sont aussi soldées par une progression des islamistes modérés du Parti pour la justice et le développement (PJD).
Selon un observateur politique proche du palais, la décision du roi a apparemment été motivée par le fait que les deux principaux partis n’ont pas réussi à obtenir la majorité.
"Le roi, qui est au dessus des différends politiques, a pris cette mesure pour sortir d’une impasse politique, sinon d’une crise (...) Djettou a été choisi en raison de ses compétences et de son aptitude à réunir une majorité et à former rapidement un cabinet", a dit cet observateur.
Pour un autre analyste politique marocain, la manière dont Djettou a supervisé avec succès les élections, et son rôle en tant que ministre de l’Intérieur ont contribué à la décision du monarque.
"C’est une opération qui a réussi et il a dès lors gagné la confiance du roi", a-t-il dit.
Nomination bien accueillie
Par le passé, des partis d’opposition et des mouvements de défense des droits de l’Homme au Maroc avaient dénoncé les résultats des élections, accusant le ministère de l’Intérieur de les avoir manipulés.
La nomination de Djettou a été bien accueillie dans les milieux diplomatiques et d’affaires où il est considéré comme l’homme de la situation.
"Djettou, qui n’a pas de programme politicien, est l’homme qui prendra des décisions courageuses pour promouvoir l’économie et les réformes sociales", a dit un diplomate européen.
Il a été souvent reproché au gouvernement sortant un manque d’imagination et l’absence de mesures adéquates pour faire face aux problèmes du chômage et de la bureaucratie", a ajouté ce diplomate.
La nomination de Djettou a été annoncée à l’issue d’un conseil des ministres présidé par le souverain au palais royal de Marrakech.
Un communiqué du palais royal précise que Mohammed VI a demandé à Djettou d’entamer des consultations avec "tous les partis politiques" afin de constituer un gouvernement sur la base des résultats des élections.
"Le gouvernement majoritaire sera constitué autour d’un plan d’action répondant aux véritables aspirations de la société marocaine (...) Le prochain gouvernement devra mener avec détermination et sans attendre d’importantes réformes dans tous les domaines, en particulier dans les domaines économique et social", ajoute le communiqué.
Le roi a aussi approuvé un projet de budget initial de 160,6 milliards de dirhams (5,1 milliards de dollars) pour 2003 et il a prié le Premier ministre sortant d’expédier les affaires courantes jusqu’à nouvel ordre, a dit à Reuters un responsable qui a requis l’anonymat.
Reuters
Sa Majesté le Roi a chargé le Premier ministre désigné de procéder à de larges consultations avec les différentes formations politiques en vue de constituer au vu des résultats des élections législatives du 27 septembre 2002 une majorité gouvernementale réunie autour d’un programme d’action qui réponde aux réelles attentes du peuple marocain telles que démocratiquement exprimées dans le contexte du scrutin du 27 septembre.
Les prochaines années seront déterminantes pour notre pays, a ajouté Sa Majesté, le prochain gouvernement doit mener à bien et avec vigueur et célérité les réformes importantes dont le Maroc a besoin dans différents domaines, notamment économique et social.
Aussi, le Maroc a-t-il besoin en cette phase cruciale de l’engagement de toutes les sensibilités politiques que traverse la société marocaine et de la participation des meilleurs de ses fils dans la gestion des affaires publiques.
Sa Majesté le Roi a mis en exergue la nécessité impérieuse de mettre en place un gouvernement d’action, mobilisé autour de priorités claires et soucieux d’efficacité, un gouvernement de labeur, d’écoute et de proximité.
Sa Majesté le Roi a assuré M. Driss Jettou de toute Sa Confiance et lui a souhaité plein succès dans la mission qui lui a été confiée.
Auparavant, Sa Majesté le Roi avait reçu M. Abderrahmane Youssoufi auquel le Souverain a rendu un vibrant hommage pour l’oeuvre accomplie en qualité de Premier Ministre et pour le rôle important qu’il a joué dans la réussite de l’expérience de l’alternance voulue par Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu l’ait en sa Sainte Miséricorde.
Sa Majesté le Roi a remercié M. Abderrahmane Youssoufi pour son engagement personnel dans la traversée de cette étape importante pour l’approfondissement du processus démocratique dans notre pays.
Sa Majesté le Roi a exprimé Sa grande estime et Sa haute considération à l’endroit de la personne de M. Abderrahmane Youssoufi, dont l’actif patriotique se trouve grandi.
Sa Majesté le Roi a affirmé que le Maroc et son Roi comptent sur le patriotisme, l’abnégation et le sens de l’Etat dont a toujours fait preuve M. Abderrahmane Youssoufi pour s’acquitter de missions prochaines qui engagent les intérêts supérieurs de la Nation".
MAP