Le franco-espagnol Altadis prend le contrôle de la Régie des tabacs marocains

4 juin 2003 - 13h42 - Espagne - Ecrit par :

80 % de la Régie des tabacs marocains (RTM) passent sous le contrôle d’Altadis. Le Maroc est le cinquième marché africain pour le tabac.

Le groupe franco-espagnol Altadis a annoncé, lundi 2 juin, l’acquisition de 80 % de la Régie des tabacs marocains (RTM) pour un montant de 14,08 milliards de dirhams marocains (1,29 milliard d’euros). La transaction sera financée par une émission de bons à l’issue d’un crédit relais. L’action Altadis, cotée à Madrid et Paris, a terminé la séance de lundi en baisse de 5,34 %, à 22,85 euros. Une chute qui se poursuivait mardi matin.

A l’issue de cette privatisation, le gouvernement marocain conservera une participation de 20 % pendant un délai de deux ans à l’issue duquel il aura un autre délai de deux ans pour lancer éventuellement une offre publique de vente (OPV). Si l’OPV ne se réalise pas, Altadis se voit garantir une option d’achat et l’Etat marocain une option de vente au même prix, dans un délai de cinq ans après l’acquisition, précise un communiqué d’Altadis.

85 % DES VENTES DE CIGARETTES

Le montant de l’opération valorise la totalité de RTM à 1,675 milliard d’euros, incluant une dette nette de 60 millions d’euros au 31 décembre 2002. RTM a enregistré un excédent brut d’exploitation en 2002 de 94 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 260 millions. La régie marocaine détient jusqu’en janvier 2008 le monopole de la fabrication et de la distribution du tabac dans le pays, cinquième marché africain. Avec ses marques Marquise (blondes) et Olympic Bleu et Cas Sport (brunes), RTM s’adjuge 85 % des ventes de cigarettes au Maroc. L’entreprise publique exploite quatre usines au Maroc - dont une, à Casablanca, doit fermer en 2004 - qui ont produit en 2002 12,2 milliards de cigarettes.

Issue de la fusion de Seita et de Tabacalera, Altadis va retrouver au Maroc un marché qui ressemble à ce qu’étaient la France et l’Espagne naguère. Le tabac brun y représente encore 45 % des ventes. Cette première implantation industrielle au-delà de la Méditerranée est l’amorce d’une stratégie de développement vers l’Afrique du Nord et les pays arabes. Altadis était jusqu’ici relativement peu présent au Maghreb, mais compte y développer ses marques phares, Gauloises Blondes et Fortuna.

PROCÈS ANTITABAC

Le groupe franco-espagnol, pris à son tour dans la tourmente des polémiques et des procès antitabac en France, cherche des relais de croissance dans les pays émergents, où les réglementations sont moins strictes et les perspectives de croissance plus fortes pour le tabac. "62 % des Marocains ont moins de 35 ans", fait-on remarquer à Altadis. Le cigarettier est candidat à la privatisation du turc Tekel, également convoité par le géant British American Tobacco (BAT), et se positionne pour l’acquisition d’usines en Serbie.

Altadis n’a pas pour autant renoncé à élargir son assise en Europe de l’Ouest. Après avoir raté la privatisation d’Austria Tabak en 2001, puis s’être fait souffler l’allemand Reemstma - pourtant vieux partenaire de l’ex-Seita - par le britannique Imperial Tobacco, en mars 2003, le fabricant des Gauloises brigue le contrôle de l’ex-régie italienne ETI, dont Rome espère boucler la privatisation cet été.

Cette acquisition intervient au moment où, pour la première fois en France, une caisse de sécurité sociale réclame en justice aux fabricants de cigarettes une indemnisation pour des malades du tabac. Selon la Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), 1 023 personnes souffrent de cancers bronchopulmonaires, de cancers du larynx et de la glotte et d’artériopathies des membres inférieurs, pour un préjudice que la Caisse a chiffré à 18,66 millions d’euros. Une somme jamais exigée en France, et qui ne représenterait, selon les calculs de l’avocat Francis Caballero, ténor de la lutte antitabac, que "150 secondes de bénéfice" des cigarettiers mis en cause dans cette affaire. Les industriels contestent à la CPAM le droit d’agir contre eux, cette faculté étant, selon leurs avocats, réservée à l’Etat et à la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). Le tribunal de Saint-Nazaire rendra son jugement le 29 septembre.

Le Monde, France

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Sujets associés : France - Espagne - Implantation - Altadis Maroc

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