Le faux MRE faisait miroiter l’illusion de l’Eldorado

2 janvier 2004 - 16h58 - Maroc - Ecrit par :

Dénoncé par l’une de ses victimes, il a été arrêté en flagrant délit, pendant qu’il la trompait pour une somme d’argent évaluée à 3500 dh. La victime savait de la tricherie, savait qu’elle allait être escroquée pour la seconde fois. Elle lui avait déjà versé une somme de 400 dh pour les frais du dossier, une grosse magouille de contrat de travail pour immigrer en France.

Elle avait donc prévenu les autorités et avec leur accord, elle s’était présentée au rendez-vous fixé. Une fois appréhendé, d’autres victimes, une vingtaine de femmes, portent plainte à leur tour. Le protagoniste de cette fraude est âgé de plus de soixante ans, marié et père de trois enfants. Au niveau de son casier judiciaire, il est affiché pour une seule condamnation d’un an de prison ferme au pénitencier de la ville de Marrakech. Le délit de son emprisonnement est une affaire de chèques sans provision. Il avait livré à des particuliers, à des restaurants et même à des sociétés d’immobilier plusieurs chèques alors qu’il n’avait pas un seul centime dans son compte. Au moment où il purgeait sa peine, il avait rencontré des délinquants de tout bord, des trafiquants de drogue, des criminels, des meurtriers et surtout des escrocs avec lesquels il s’était sympathisé. Cependant la prison de nos jours est loin d’être un lieu de correction, elle est la meilleure école de la délinquance. C’est en taule qu’il a appris que le moyen le plus facile pour gagner de l’argent est celui de tromper par confiance. Une fois libéré, il quitte la capitale touristique pour s’installer chez des membres de sa famille dans la banlieue de Béni-Mellal. Le douar de sa nouvelle résidence est un petit patelin connu par la récolte des fleurs, un très beau bled qui sent la joie de vivre. Un minuscule village de quelques habitants qui ne connaissent pas le monde de l’escroquerie, qui ne savent rien de la tromperie. L’homme réalise l’ignorance des gens et lui vint l’idée d’une magouille qui fonctionnera sans le moindre doute. Il fait courir le bruit de sa tromperie : l’homme est un immigré résident en France qui se trouve dans le petit village à la recherche de femmes désirant travailler à l’étranger. Il est le représentant d’une grande société qui demande de la main-d’œuvre féminine. Leur job sera celui qu’elles ont toujours exercé à savoir la cueillette des fleurs. Avant de commencer à contacter ses victimes, il avait préparé des documents que chaque intéressée devait remplir non pas auprès des autorités, mais par ses parents, une sorte d’autorisation pour quitter le territoire national. Pour chaque dossier, une somme variant entre 400 et 500 dh sera versée comme frais d’envoi à ladite société. Il leur a même promis de se charger des passeports et des cartes d’identité. En fait, la plupart ne possédaient aucun document d’identification. La seule exigence est celle d’avoir un acte de naissance et des photos. Bien sûr, elles doivent régler le montant des timbres nécessaires. Une fois la première victime tombée entre ses mains, toutes les filles du village la suivent. Malin comme il était, avec l’argent de la première, il avait quitté le patelin pour s’installer dans un hôtel en plein centre de Béni-Mellal. Il se rendait au village uniquement pour rencontrer d’autres victimes qui l’attendaient, prêtes à lui régler les frais d’envoi du dossier et ceux relatifs aux documents du voyage. Selon le rapport de brigade judiciaire de la gendarmerie royale, une vingtaine de femmes étaient escroquées et l’enquête est toujours ouverte. Le montant des sommes versées, s’élève à plus d’une dizaine de millions. En attendant la fin de l’enquête, il a été présenté devant le Parquet général accusé de falsification, faux, usage de faux et escroquerie.

Aujourd’hui le Maroc

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Corruption - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Evincée, Salima Belabbas retrouve sa place sur RTL

Écartée de la présentation du JT de 19h sur RTL en janvier, Salima Belabbas revient en force en tant qu’animatrice de deux émissions phares de la chaîne privée.

Transferts des MRE : l’Europe menace de bloquer les fonds

Mauvaise nouvelle pour les Marocains de l’étranger (MRE) ! L’Union européenne veut serrer la vis sur les transferts d’argent vers le Maroc. Les autorités marocaines sont actuellement en pleine discussion avec de nombreux pays, mais celles-ci s’avèrent...

L’Europe cherche à bloquer les transferts des MRE

Face à la hausse continue des transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) vers le Maroc, l’Union européenne s’apprête à prendre une directive pour réduire ces transferts via les banques marocaines implantées en Europe.

Échange de données fiscales sur les MRE : le projet de loi reporté

Le gouvernement d’Akhannouch est appelé à revoir deux projets de loi sur l’échange de renseignements fiscaux et de données des Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui ont fait l’objet d’une polémique. L’année 2025 est la date du délai de leur...

Les adieux interdits dans les aéroports marocains

Au Maroc, il n’est toujours pas possible de dire au revoir à un proche, à un Marocain résidant à l’étranger (MRE) ou à un voyageur à l’intérieur de la salle d’embarquement de l’aéroport. Une mesure à laquelle les familles marocaines s’opposent.

Emmanuelle Chriqui : Une voix marocaine contre l’antisémitisme

À l’heure où la guerre fait rage entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, l’actrice canadienne d’origine marocaine Emmanuelle Chriqui dénonce le déferlement d’antisémitisme.

Les Marocains de France battent des records de transfert

Les Marocains du monde ont transféré au Maroc près de 115,15 milliards de dirhams (MMDH) à fin décembre 2023, soit une hausse de 4 % par rapport à la même période de 2022 (110,72 MMDH), révèle l’Office des changes.

Chaos à Tanger Ville : Un seul ferry et des heures d’attente

Le port de Tanger Ville connait une congestion maritime sans précédent ces derniers jours, en raison d’une pénurie de navires de transport maritime entre Tanger Ville et Tarifa en Espagne.

Des Marocains réduits à l’esclavage dans le Lot-et-Garonne

Vingt travailleurs marocains ont été exploités dans des conditions indignes par une agricultrice du Lot-et-Garonne. Attirés par la promesse d’un contrat de travail et d’une vie meilleure, ils ont déboursé 10 000 euros chacun pour rejoindre la France.

MRE : du changement pour les voitures à la douane

En vue de fluidifier le retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE) durant l’opération Marhaba 2024, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) a mis en place de nouvelles mesures de facilitation. Ces dispositions visent à simplifier...