Paris s’était opposé au projet américain, estimant qu’il imposait une solution au Maroc, qui a pris en 1975 le contrôle du Sahara, ancienne colonie espagnole dont le sous-sol est riche en phosphates et qui pourrait disposer de gisements de pétrole sous-marins.
Le plan élaboré par James Baker, ancien secrétaire d’Etat américain et actuel émissaire spécial des Nations unies pour le Sahara, prévoit d’instaurer dans le territoire un régime semi-autonome pendant une période de transition de quatre ou cinq ans.
Un référendum permettrait ensuite aux habitants de choisir entre l’indépendance, l’intégration au Maroc ou le maintien du régime de semi-autonomie.
Le Front Polisario, mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie, longtemps opposé à toute autre proposition qu’un référendum sur l’indépendance, a accepté ce plan, de même que les autorités algériennes.
Le texte de la résolution a été modifié au dernier moment pour permettre à chacune des parties de se dire gagnante.
Il déclare que le Conseil de sécurité "appuie" le plan Baker - et non "approuve" -, et "demande aux parties de travailler avec l’Onu et l’une avec l’autre en vue de l’acceptation et de l’application du plan de paix", et non plus simplement de travailler ensemble "pour l’appliquer".
Interpretations divergentes
Le Front Polisario a déclaré que cette résolution montrait que le plan Baker devait désormais être accepté tel quel par toutes les parties, alors que le Maroc a estimé que le texte ouvrait la voie à de nouvelles négociations.
L’ambassadeur du Maroc Mohamed Bennouna a déclaré à Reuters que le texte signifiait que c’était désormais à James Baker de trouver une solution acceptable pour tous. "Nous avons rejeté le plan Baker, et nous le rejetons toujours", a-t-il dit.
L’ambassadeur algérien Abdallah Baali a en revanche estimé que la résolution était "un appel adressé au Maroc pour qu’il accepte le plan".
"Il est clair que le Maroc n’accepte pas ce plan. Il le rejette", a déclaré un responsable du Polisario, Khadad Mhamed. Mais la résolution est "un important pas en avant vers une solution juste et définitive au conflit", a-t-il estimé.
"Le plan de paix est un compromis juste et équilibré qui offre à chacun des camps une partie, mais pas l’intégralité, de ce qu’il veut", a pour sa part déclaré devant les membres du Conseil John Negroponte, ambassadeur des Etats-Unis à l’Onu.
Mercredi, le roi Mohamed VI du Maroc avait déclaré qu’il souhaitait clore le dossier du Sahara.
La déclaration du souverain chérifien est intervenue moins de 24 heures après la proposition faite par le président algérien Abdelaziz Bouteflika de normaliser les liens entre Alger et Rabat.
Reuters