
Le mois de Ramadan débutera bel et bien mardi 12 mars 2024 au Maroc. Le ministère des Habous et des Affaires islamiques l’a annoncé ce dimanche 10 mars, après l’observation du croissant lunaire.
Il n’existe pas un profil de l’islam mais plusieurs. Sous nos yeux, ces jours-ci, les lignes de force de deux d’entre eux. Celui, d’abord, de ce qu’il faut bien appeler un intégrisme classique ; celui, ensuite, d’une occidentalisation mesurée. Le premier est illustré par la pathétique épopée de deux jeunes filles françaises, prêtes à se laisser exclure de l’enseignement, pour continuer à arborer leur voile. Le second par le roi du Maroc qui, en présence de Jacques Chirac, annonce une reconnaissance progressive des droits de la femme et rend hommage à la famille.
Ces deux lectures de l’islam sont probablement antagonistes ; elles remontent loin dans le passé. Seuls les musulmans peuvent trancher entre l’une et l’autre. Il leur faudra du temps et de l’obstination.
La rencontre de ces deux événements n’avait été prévue par personne. Qui pouvait imaginer qu’une banale autorité scolaire trancherait sans complexe l’irritante dispute du voile à l’école ? Manifestement, le père des deux jeunes filles voulait obtenir une décision pouvant faire jurisprudence. Il a pour le moment perdu son pari. On sait qu’il va faire appel. C’est son droit. Mais il faut accepter l’évolution des esprits. Les Français dans leur masse ne voient pas très bien pourquoi l’on devrait déroger aux règles habituelles de la laïcité en faveur d’un courant islamiste probablement minoritaire.
Or c’est exactement à ce moment que Mohammed VI, sans trop se préoccuper des poseurs de bombes islamistes, choisit d’accélérer l’évolution des mentalités au sein du royaume chérifien. Et il prend position sur l’un des sujets les plus décisifs : la condition féminine. Plus question de reléguer les femmes sur les marges de la vie marocaine. Bien au contraire ; côte à côte avec leurs époux, elles deviennent responsables de leur famille. Or cette famille devient le noyau de la société marocaine. Dans une nation où la vie politique et la croyance religieuse sont entrelacées, le roi du Maroc parle en tant que haut responsable de l’islam. Il répond au défi politique et spirituel des assassins par une escalade intellectuelle à laquelle personne ne s’attendait. Tout le monde est conscient que le problème qui se pose au Maroc est à peu près le même que celui qui attend l’Algérie, et, au-delà même, l’Egypte. L’exemple marocain sera-t-il contagieux ?
Voilà que la coupure non reconnue qui sépare en deux l’islam apparaît en pleine lumière en France et au Maroc. C’est un signe. Il y a peut-être une modernité de la foi qui est aux antipodes des extrémismes radicaux. Deux jeunes filles et un roi viennent d’en fournir l’illustration.
Source : Le figaro
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