Treize Marocains et un Egyptien ont été condamnés le 6 mars à Casablanca (100 km au sud de Rabat) à des peines allant d’un mois à un an de prison pour "trouble à l’ordre public" et détention d’objets divers, collants et T-shirts représentant Satan ou la mort et jugés "contraires à la foi musulmane"."Menace taliban sur le Maroc", titre en Une Maroc-Ouest. "Les jeunes sont convaincus qu’on est en train de les tuer, de les pousser à l’exil, au suicide, au départ. Mais où ?", ajoute le journal.En organisant le procès des jeunes amateurs de hard rock de Casablanca, Maroc-Ouest soutient, avec ironie, qu’on a déroulé devant les islamistes "un tapis rouge à quelques semaines des élections communales, pour qu’ils gagnent plus de terrain, pour mieux défigurer ce pays"."Le pouvoir est tombé dans le piège des islamistes", tranche le journal pour qui le gouvernement est désormais séparé de la rue par un "énorme fossé".Devant le tollé suscité par ce procès, la presse islamiste marocaine s’est montrée relativement prudente. Tout en dénonçant les "égarements" de la jeunesse marocaine sous l’influence des modes occidentales, elle affirme opter pour "la pédagogie et l’éducation" au lieu de la répression."Satan apparaît et se renforce quand les coeurs sont vidés des principes et des valeurs de l’islam", a estimé le quotidien islamiste Attajdid. Toutefois, avait-il ajouté, "les vents de la déstabilisation et du déracinement ne peuvent être contrecarrés par la justice ou l’exploitation politicienne étroite (...), mais par un programme éducatif culturel et de communication".La condamnation du groupe d’amateurs de hard rock a suscité une vive polémique dans le royaume, plusieurs journaux et ONG ayant dénoncé un "procès de la liberté d’expression et de la liberté de création".Le 11 mars, la liberté provisoire a été accordée à onze des quatorze amateurs de hard rock, dans l’attente de la révision du procès en appel.
AFP