Jamal El Anbi avait 10 ans et jouait dans les rues de Larache quand son père est parti en Espagne à la recherche d’un meilleur avenir. Trois ans plus tard, toute la famille l’y a rejoint. Ainsi, Jamal a fait ses études en Espagne, jusqu’à devenir un économiste prestigieux au parcours exceptionnel. Il est lauréat du prix de la Fondation Princesse de Gérone et a fait ses preuves à la Banque d’Espagne. Il a même eu le privilège de saluer le roi d’Espagne. Il a passé avec succès le concours d’entrée à la Banque centrale européenne, mais n’a pu être recruté parce que sa demande de citoyenneté espagnole est restée bloquée.
Pendant plusieurs années, le traitement de son dossier n’a pas évolué. En mai 2019, quelques jours après la publication, par le journal El País, d’un article sur cette situation, le dossier a été repris en main et est en bonne voie, raconte le Marocain. Dans quelques semaines, il pourrait devenir un fonctionnaire espagnol à la Banque centrale européenne à Francfort. « Je n’ai pas encore obtenu le document, mais je peux le jurer : je suis Espagnol », déclare-t-il.
« Si j’avais obtenu la nationalité plus tôt, j’aurais été boursier… Je ne pense pas que ce soit un problème administratif, car j’ai travaillé à la Banque d’Espagne. Vous avez beau remplir toutes les conditions, fourni toutes les pièces demandées, vous avez peur de tomber sur un xénophobe qui vous empêchera d’avancer. Cela ne m’est pas arrivé, mais les gens autour de moi ont subi les conséquences de ce dédain », explique-t-il, déplorant que certains considèrent les migrants marocains comme des voleurs ou des terroristes.
Bientôt, Jamal El Anbi aura son passeport espagnol. « À l’entrée ou à la sortie de l’aéroport, je n’aurai plus à faire la queue à l’émigration », se réjouit-il. Pour le moment, le jeune économiste travaille comme consultant et entend apporter son aide à ceux qui se retrouvent dans la même situation que lui il y a quelques années en arrière.