Depuis son émigration en Israël, le grand-père de Khen Elmaleh ne sera plus jamais retourné au Maroc. Ce voeu qui lui était si cher sera finalement réalisé par sa petite-fille, qui retrouve, ainsi, ses vraies origines. Pourtant, les grands-parents, qui représentent, pour la génération de Khen, "un monde ancien et hors de propos", ont quand même su distiller dans leur descendance des éléments certains de "marocanité", le "Maroc du passé".
Aujourd’hui, si Khen peut se gonfler de fierté en citant certaines personnalités israéliennes d’origine marocaine, auxquelles cette génération a pu s’identifier, dont plusieurs célèbres acteurs, elle éprouve une profonde tristesse par rapport à "[son] identité marocaine" qui "a été reléguée au folklore, à la cuisine et à des phrases virales amusantes qui ont boosté les audiences des comédies télévisées".
En effet, selon Khen Elmaleh, la réalité vécue en Israël et que subit toute la communauté marocaine est le racisme, une discrimination portée, en réalité, à tout ce qui s’apparente à "l’arabité". Pour Israël, les arabes sont l’ennemi et nous devons donc tuer ’l’arabité’ en nous", détaille Elmaleh.
Face à tout cela, Khen décide enfin de se rendre en Afrique du Nord, pour, dit-elle, rechercher "la vérité", afin de "comprendre l’ADN de son existence" et de pouvoir "répondre aux questions que les prochaines générations poseront". Au Maroc, elle fait d’abord un arrêt à Marrakech. Aussitôt, elle s’emballe d’émotion et fond en larmes. "Je voyais la terre qui est le fondement de ma vie". Des souvenirs lui reviennent à l’esprit, tel celui de son grand-père qui n’a pas pu faire ce voyage tant souhaité.
A Essaouira, la ville dont les juifs "représentaient au début du siècle dernier environ la moitié de la population", khen arrive en pleine célébration du festival de musique, ’’Gnaoua’’. Elle est séduite par le patrimoine musical du Royaume et découvre, au Centre culturel Dar Souiri, les murs décorés avec des photos historiques de plusieurs artistes juifs issus des pays arabes. L’émotion se fait encore plus grande chez cette jeune juive marocaine qui regrette toute la déchirure entretenue par le Maroc et Israël, qui ont coupé les ponts en 2000, lors de la deuxième intifada".