Après une suspension due à la grève des acteurs de cinéma d’Hollywood, le tournage du film américano-britannique Gladiator à Malte reprend bientôt. Une partie du film a été déjà tournée à Ouarzazate, au Maroc.
Interview de Sanaa Mouziane, actrice des "Les jardins de Samira" projeté au FIFM.
“Les jardins de Samira” est votre premier film marocain. Que pouvez-vous nous dire sur cette expérience ?
C’est ma première apparition dans un film marocain et j’en suis très fière. Depuis mes tout premiers débuts dans le domaine artistique, je rêvais de travailler sur une production nationale.
Le film a été projeté dans le cadre du FIFM, comment vous avez trouvé l’accueil du public ?
J’étais présente lors des deux projections du film, celle de la Salle des ministres (pour les festivaliers) et du cinéma Colisée pour savoir comment le public allait accueillir le film. Les professionnels (acteurs, réalisateurs et critiques) et le grand public l’ont aimé. Ce qu’ils ont encore apprécié c’est son thème, son audace et son originalité. L’audace et le courage du réalisateur et la façon dont il a traité et mis en scène une question aussi sensible a forcé également l’admiration. Même le grand public, que ce soit à Marrakech ou à Tanger a été touché par le sujet qui a beaucoup de crédibilité et dont souffrent beaucoup de gens en silence.
“Les jardins de Samira” est le seul film marocain en compétition cette année, quel effet cela vous fait-il ?
C’est un sentiment mêlé de joie et d’inquiétude. C’est sûr que nous sommes vraiment heureux en tant qu’équipe du film. Car le fait d’être sélectionné pour représenter le Maroc dans ce grand festival et en compétition aux côtés des films internationaux, est en soi une belle réussite.
C’est un aveu, un témoignage de la valeur artistique des “Jardins de Samira”. Mais c’est aussi une grande responsabilité. D’où cette peur et cette appréhension d’ailleurs logique dans de telles circonstances. C’est le désir de la perfection et d’être à la hauteur tout simplement !
Vous avez joué un rôle assez osé, vous n’avez pas eu peur des réactions du public et des critiques ?
C’est dans ma nature d’aimer et de préférer les thèmes
osés et les idées non conventionnelles. Depuis mes débuts dans "les prétendantes à la liberté" d’Inass Deghuidi et "Achraf Harami" de Fakher Eddine Meguida, maintenant "Les jardins de Samira" et dernièrement "Lost" un film belge où je joue le premier rôle, je cherche toujours les défis. J’aime à me pousser jusqu’aux limites, à me défier en tant qu’actrice. J’endosse des rôles qui sont tout à fait différents de ma personnalité. Tout acteur qui se respecte aime à se surpasser et s’éloigner de ce qu’il est vraiment à travers des rôles qui exaltent son talent par leur force, différence et surtout originalité.
Décidément, vous êtes courageuse. Après votre rôle controversé dans “Les prétendantes à la liberté”, vous voilà une femme infidèle dans ce film ?
Malgré l’infidélité de Samira et ce que ça peut susciter comme animosité, le public a montré beaucoup de compassion envers le personnage et envers sa souffrance silencieuse. Il a su détecter sa détresse et sa déception, elle qui n’avait que des rêves simples d’avoir un mari et des enfants comme tout le monde. Le désert sentimental (et charnel) où elle vit en a fait une victime. De ce fait, c’est un personnage proche du public.
Comment est venue votre participation aux “Jardins de Samira” ?
C’est le réalisateur Latif Lahlou qui m’a appelée personnellement pour me proposer le rôle de Samira. Il me connaissait déjà comme artiste marocaine qui a joué dans des films égyptiens et à travers les clips de mes chansons. Mais il m’a vraiment appréciée à travers mes interviews télévisées.
En recevant son coup de fil, j’étais aux anges car ça faisait un bon moment que je voulais travailler sur une production nationale.
En lisant le scénario, j’ai tout de suite su que c’est le bon : la profondeur de l’idée et son originalité, les dimensions psychologiques des personnages et cette notion de dialogues “sans dialogues” qui transcende le jeu de l’acteur et le pousse au bout de ses talents.
Tout y est, mon choix s’est fait aussitôt.
En parlant de talents, vous êtes actrice mais aussi chanteuse, comment faites-vous ?
Il est certain que la réussite dans un domaine vient aux dépends d’un autre. Mais j’essais quand même d’équilibrer et de faire de mon mieux. Mes débuts artistiques étaient dans la chanson, j’essais alors de retrouver mes premières amours entre deux tournages cinématographiques. Jusqu’à maintenant, j’ai cinq clips et je viens de fignoler mon dernier album qui sortira en 2008. Dernièrement, j’ai sorti une nouvelle chanson intitulé “bi yeloume” une composition d’Islam Sabri. En parallèle, je viens de finir le tournage d’un film belge “Lost” où je joue le premier rôle de Nadia, une immigrée pakistanaise qui souffre du racisme. Il faut dire que c’est la première fois qu’une actrice marocaine joue le premier rôle dans un film belge et en flamand…
Vous avez appris le flamand pour cela ?
Oui, c’était un défi de plus et je l’ai fait. C’était assez difficile et exaltant à la fois d’apprendre cette langue, d’acquérir l’accent pakistanais tout en me concentrant sur mon jeu… mais je l’ai fait Dieu merci !
Le Matin - Hayat Kamal Idrissi
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