Le Maroc est en pourparlers avec l’UE en vue d’une application harmonieuse du traité OCDE/G20 sur l’échange automatique des données bancaires à des fins fiscales.
La relation durable qu’établit le MRE avec sa société d’accueil est un des aspects auxquels se sont intéressés les démographes et les sociologues du HCP. Il en découle un rôle économique indéniable. Si les premiers migrants étaient exclusivement des ouvriers, leurs enfants n’ont pas fait mieux !
Les résultats de l’enquête sont surprenants. Le rapport du HCP révèle que « les enfants des MRE ne possédant aucun diplôme sont exclusivement les descendants d’un père qui lui aussi n’a eu aucun diplôme ». Dans 88,3% des cas, cette analyse est confirmée. Les chances d’avoir un diplôme supérieur augmentent à mesure que le niveau du diplôme obtenu par le père est élevé. De surcroît lorsqu’un MRE dispose d’un diplôme de l’enseignement secondaire ou supérieur, sa descendance est non seulement protégée contre la déscolarisation ou l’échec scolaire, mais elle a de fortes chances d’atteindre des niveaux de diplômes supérieurs dans 32,8% des cas.
Les données de l’enquête démontrent aussi que les enfants des immigrés sont plus exposés à l’échec scolaire respectivement en Allemagne, en France et en Belgique, par rapport aux autres pays. Une fois le cap des études franchi ou pas, l’insertion dans le monde du travail constitue un autre écueil dans la vie des MRE.
34,5% des chefs de ménage migrants ont effectué au moins un changement au cours de leur parcours professionnel, dont 65% un seul changement et 26,7% deux changements et 7,8% trois à six changements. Ceux qui n’ont connu aucune mobilité sont à 66,5% des ouvriers. 21,1% des cadres moyens et employés de bureau et 7,8% des cadres supérieurs et membres des professions libérales. L’ancienneté moyenne des emplois est de 13 ans. (50,8% ont travaillé moins de dix ans avec une ancienneté moyenne de 21 ans).
La mobilité professionnelle demeure une caractéristique des catégories sociales les plus ouvertes.
Mais s’il est permis de parler d’ouverture en Europe, ce n’est que pour les autochtones. Racisme, xénophobie, discrimination raciale...le HCP a relevé différentes formes de discrimination à l’embauche envers la population marocaine objet de l’étude. 7 chefs de famille sur 10 confirment le refus de certains employeurs de les recruter. La xénophobie est réelle tout autant que « la non-application des textes législatifs et règlementaires permettant de réprimer les attitudes et les comportements racistes », soulèvent les analystes.
Une fois la barrière discriminatoire levée, les conditions de travail constituent un autre terrain de combat. L’enquête a révélé de nombreuses pratiques illégales dont bien évidemment le travail au noir. Le HCP a recensé 9,2% de travailleurs au noir. Près d’un MRE sur quatre se trouve dans une situation précaire d’emploi. Et comme tout le monde le sait, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Les sans-papiers ne font pas partie de l’étude et on ne connaît pas leur nombre non plus.
Pour ceux qui sont recensés, les heures de travail se prolongent souvent même au pays des 35 heures. L’étude révèle que le tiers des chefs de ménage (33,8%) réalisent souvent des heures supplémentaires de façon saisonnière pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Le retour au pays d’origine pendant les vacances traduit un besoin de ressourcement, parfois un motif d’investissement. Le pouvoir d’investissement des MRE au Maroc se confirme d’année en année. 56,4% des ménages sondés ont réalisé au moins un investissement dans leur pays d’origine, révèle le HCP. Ce qui fait un nombre moyen d’investissements par ménage de 0,78%. Ces placements sont dédiés à l’immobilier dans 80,4% des cas et au commerce dans 8,4% des cas. L’industrie et le tourisme ne constituent que 5% de la totalité des investissements.
En termes de perspectives, les analyses sont plus optimistes. Le nombre moyen d’intentions d’investissement s’établit à 0,75 par ménage. Il est par contre moins axé sur l’immobilier (36,2%), que sur les commerces (34,1%), suivis par l’agriculture (6,9%) cédant ainsi une plus grosse part au tourisme, soit 5,5%. L’industrie gagne 5,2% et enfin 12,2 % sont répartis entre les autres secteurs. Les liens économiques avec le pays d’origine semblent assez solides. L’intention d’investissement au Maroc est trois fois supérieure à celle dans le pays d’accueil. Interrogés sur les incitations dont ils souhaiteraient bénéficier pour investir au pays, les MRE chefs de ménage insistent en priorité sur « les facilités administratives des déclarations (42,2%), les facilités d’accès au crédit (18,5%), les incitations fiscales (12,6%), la transparence et la lutte contre la corruption (8,9%), l’accueil, l’orientation et le renseignement (6%), l’infrastructure (5,5%) et sur l’aide technique (1,5%) ».
Vagues migratoires
L’analyse des périodes migratoires a démontré qu’environ un quart des chefs de ménage migrants sondés (25,9%) étaient partis au cours de la décennie 70, période d’adoption des mesures restrictives par les politiques migratoires des pays européens. Près d’un cinquième, 21,3%, ont émigré au cours des années 1980. Mais le mouvement d’émigration n’a atteint son apogée qu’au cours des années 1990.
Source : L’Economiste - Amira Khalfallah
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