L’insalubrité dans les centres d’accueil affecte la santé des migrants

16 juin 2021 - 08h00 - Espagne - Ecrit par : P. A

Le mauvais accueil et l’insalubrité des centres de migrants exposent ces derniers à des maladies diverses et à des problèmes psychologiques. C’est ce que révèle un rapport publié mardi par Médecins du monde.

Youssef, un jeune marocain, dépassé par la surpopulation, l’insalubrité et les mauvaises conditions dans les centres de migrants qu’il a parcourus depuis son arrivée aux Îles Canaries, a préféré vivre dans la rue. « J’ai reçu un pantalon et un slip des semaines après mon arrivée. Un jour de pluies, les eaux fécales sont entrées dans la tente ; c’est alors que je suis allé vivre dans la rue, car je pensais que la situation ne pouvait pas être pire », raconte-t-il à El Periodico.

Comme lui, de nombreux autres migrants qui ont récemment rejoint les Îles Canaries ou les enclaves espagnoles, vivent dans des conditions précaires et s’exposent à diverses maladies, fait savoir un rapport de Médecins du monde publié mardi. Ces migrants souffrent dans la plupart des cas de crise d’anxiété, d’insomnie, de maux de tête et de dos, de constipation, de vomissements, de diarrhée, d’épidémies de gale et de champignons, révèle le document qui indique que la défaillance du système d’accueil « sans protocole adéquat », ajoutée à l’augmentation des arrivées de migrants en 2020 du fait de la crise sanitaire, ont entraîné une surpopulation des centres « qui ne remplissent pas les conditions minimales pour un séjour digne ».

À lire : Espagne : pas de condamnation d’un centre de migrants après la mort de Marouane

Selon le rapport, un centre de migrants d’une capacité d’accueil de 780 places, hébergeait jusqu’à 1 700 personnes en 2020, au temps fort de la crise sanitaire. Au cours de cette période, on a enregistré l’arrivée de quelque 23 000 migrants aux Îles Canaries, soit 75 % de plus que l’année précédente et de 2 000 migrants à Melilla. Sans eau potable, sans toilettes et douches et soumis à une mauvaise alimentation, les migrants ont toutes les conditions réunies pour tomber malades. « C’est difficile de faire pire. On les rend malades et on ne les guérit pas », déplore Nieves Turienzo, président du groupe.

« Lorsqu’une personne souffre après un voyage très difficile, vous devez vous occuper d’elle et vous devez le faire avec humanité et dignité. Pourtant, les conditions d’accueil n’ont pas servi à réparer une souffrance, mais à la créer », renchérit Inmaculada González, responsable des migrations pour l’ONG à Cararias. Pour Youssef, le séjour dans ces centres rend malade plus « psychologiquement » que physiquement.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Espagne - Ceuta (Sebta) - Melilla - Santé - Iles Canaries

Aller plus loin

Des milliers de Marocains continuent d’errer dans les rues de Ceuta

Quelque 5 000 migrants, en grande majorité ceux arrivés en masse les 17 et 18 mai, continuent d’errer dans les rues de Ceuta. Les frontières avec le Maroc restent également...

Îles Canaries : un Marocain décède à la prison de Las Palmas

Un Marocain de 21 ans, en détention provisoire dans une cellule individuelle à la prison de Las Palmas, est décédé dans des circonstances encore floues. Une enquête a été...

Violents affrontements entre Subsahariens et Maghrébins à Ceuta (vidéo)

Les Marocains du Centre de séjour temporaire des migrants de Ceuta (CETI) ont dénoncé les violents affrontements enregistrés mercredi entre différents groupes de migrants...

Une vaste campagne de propreté lancée à Rabat

Réuni en urgence jeudi dernier, le conseil communal de la ville de Rabat a décidé de prendre en main le service de propreté de la ville en lançant une vaste campagne de salubrité.

Ces articles devraient vous intéresser :

Ouverture exceptionnelle de la frontière entre le Maroc et l’Algérie

La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.

Le Maroc interdit l’importation de véhicules polluants

Le Maroc poursuit ses efforts visant à réduire l’impact de la pollution sur la santé des citoyens et sur l’environnement. Le ministère du Transport et de la logistique et le département de la Transition énergétique et du développement durable ont pris...

"L’boufa", la nouvelle menace pour la société marocaine

Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue «  l’boufa  » qui détruit les jeunes marocains en silence.

Le Maroc teste un système de santé intelligent

Le Maroc prévoit d’installer un « système de santé intelligent » dans les centres de santé des régions de Rabat-Salé-Kénitra (16), Fès-Meknès (15), Beni Mellal-Khénifra (11) et Draâ-Tafilalet (11). Cette première phase du projet devrait nécessiter un...

Tatouage au henné : attention danger

La fin du Ramadan et la période de l’Aïd, pour les jeunes filles, une période propice pour mettre du henné sur les mains. Si certaines mères acceptent que leurs filles appliquent le henné, d’autres préfèrent se passer de cette pratique pour préserver...

Malade, Aïcha Mahmah expulsée par une clinique

Grâce à l’intervention du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, l’actrice marocaine Aïcha Mahmah a été admise à l’hôpital mardi pour recevoir un traitement et subir une opération.

Le Maroc prolonge encore l’état d’urgence sanitaire

Réuni jeudi lors de sa séance hebdomadaire, le conseil de gouvernement a adopté le projet de décret portant prorogation, à nouveau, de l’état d’urgence sanitaire.

Le Maroc met fin à la fiche sanitaire

Quelques jours après avoir annoncé la fin de l’état d’urgence sanitaire, les autorités marocaines portent à la connaissance des voyageurs que la fiche sanitaire n’est plus une obligatoire pour accéder au territoire.

Le Maroc forme 2800 médecins et 5600 infirmiers pour la médecine de famille

Afin de développer et consolider la médecine de famille en facilitant l’accès aux soins et services de santé aux Marocains, le gouvernement entend former 2800 médecins et 5600 infirmiers d’ici 2030.

Les Marocains parmi les plus expulsés d’Europe

Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».