L’actrice, productrice et danseuse maroco-canadienne, Nora Fatehi figure parmi les grosses pointures du cinéma indien. À combien s’élève la fortune de la plus indienne des Marocaines ?
Dans les rues de la métropole, danseuses orientales et cabarets cosy côtoient les bars à tapas et discothèques branchées, sans oublier les pianos bar aux ambiances jazzy. Casablanca n’a rien à envier à ses consoeurs du Maghreb. Bien au contraire, elle s’impose comme une des métropoles les plus branchées du continent. Avec l’ouverture du pays et le dynamisme de la vision 2010, l’industrie de la nuit n’en finit pas de prospérer, mais répondra-t-elle pour autant au besoin de ses habitants à majorité jeune et modeste, et surtout très hétéroclite ?
L’offre nocturne explose
« L’industrie de la nuit est fortement liée à la croissance du tourisme, là où on trouve des hôtels, on trouve des lieux de loisirs nocturnes », explique un expert. Une belle croissance en vue si l’on en croit les chiffres, la part du tourisme représentant 38% de l’investissement global dans la capitale cette année.
En 2007, une quinzaine d’unités hôtelières ont été construites à Casablanca, à côté desquelles vont s’implanter bars, boîtes et autres cabarets complétant l’offre des loisirs et des services touristiques.
Pour exemple, le boulevard Hassan Souktani est très représentatif de cet engouement. Idem sur la zone de Dar Bouazza et Tamaris avec la reprise des activités du Sidibad, le lancement de l’Aquaparc et le projet du Mégamall. En effet, la côte attire naturellement les promoteurs pour les projets de discothèques et boîtes de nuit. Toute la clientèle nocturne s’y concentre à partir de 23heures jusqu’au petit matin. Les quartiers Anfa ou Gauthier se sont transformés quant à eux en arrière-pays des unités hôtelières, avec la multiplication des bars, pubs et cabarets. « Il y a un intérêt certain de la part des investisseurs à développer autre chose que du tourisme d’affaire dans la capitale », souligne l’expert.
Sidi Maarouf concentre de plus en plus de cadres lassés des navettes. Ce quartier est identifié comme un nouveau vivier de croissance, les sorties nocturnes étant la plupart du temps des sorties de proximité.
De plus, la simplification des démarches pour les licences d’alcool a beaucoup joué dans cet engouement. « Il n’y pas si longtemps que ça, obtenir une licence pour la vente d’alcool relevait d’un parcours du combattant. Aujourd’hui, il y a juste à convenir à certains critères souvent implicites comme l’éloignement d’un lieu de culte et l’affaire est dans le sac », explique l’expert.
L’entreprenariat dans l’industrie nocturne est désormais « démocratisé », et elle rapporte gros. « L’affaire est rentable si la gestion est optimisée et l’hygiène irréprochable. Un restau-bar qui tourne bien sur Casablanca rapporte entre 25.000 et 45.000 DH par jour », explique le gérant du Picasso, un nouveau restaurant bar classé 1 fourchette. Cet ancien gérant de « l’Etoile » reconnaît que deux mondes de la nuit coexistent dans la même ville. D’un côté, des restaurants qui se sont transformés en bar et qui n’accordent plus aucune importance à la qualité de la nourriture et du service. On y consomme de l’alcool la plupart du temps coupé et on y paie le verre entre 15 et 25 DH. Généralement concentrés dans l’ancienne médina, ils inondent également les périphéries défavorisées de la métropole.
D’un autre côté, un autre monde, une autre clientèle. Un simple tour sur la corniche renseigne sur ces extrêmes. Les boîtes et bars très huppés se comptent sur le bout des doigts, l’entrée est y est minimum à 200 DH, et les consommations à l’intérieur descendent rarement en dessous de 100 DH, y compris pour les boissons non alcoolisées. « C’est un moyen pour nous de filtrer notre clientèle et de nous positionner en terme de marketing. Nos clients sont surtout des cadres qui veulent décompresser mais aussi des plus jeunes qui dépensent l’argent de leurs parents sans compter », explique ce gérant de discothèque de Aïn Diab.
Amstrong, Pulp, Angel… sans compter les nombreux cabarets bon chic bon genre où les faveurs d’une fille de joie coûtent aussi chers que les bouteilles. Qu’importe, l’argent coule à flot et ces lieux sont les meilleures vitrines pour le montrer.
Mais que propose la ville de Casablanca à la majorité de sa clientèle jeune et beaucoup moins onéreuse ? Cette classe moyenne montante ne veut pas risquer sa santé dans les gargotes de la médina mais qui n’a pas les moyens de flamber sur la Corniche.
Mohamed Merhari, alias Momo, est l’une des figures les plus actives de la scène alternative actuelle. L’Boulevard lui a valu un prix culturel d’exception à Londres en 2006. Cet homme qui dit puiser son énergie dans la jeunesse marocaine, n’a eu de cesse depuis 1999 de se battre contre les autorités, les préjugés et autres freins à l’expression dite « underground » du pays. Pourtant, ce festival avec celui d’Essaouira est celui qui a le plus d’impact auprès des jeunes et le plus d’écho à l’étranger. Mais c’est aussi le plus petit budget de tous les festivals de ce pays. « C’est en survivant que nous excellons. Jusqu’à aujourd’hui nous avons toujours manqué de moyens, mais ce festival est si populaire auprès des jeunes que tout le monde y participe bénévolement. C’est grâce à eux et à leur demande croissante de s’afficher tels qu’ils sont que le Boulevard continue son aventure ».
Une aventure qui coûte chaque année quelques 4 millions de dirhams « sans compter le bénévolat que l’on estime entre 2 et 3 millions de dirhams », explique Momo.
Et malgré la popularité de l’événement, les autorités craignent toujours autant de s’afficher en tant que partenaire de ce qui passe aux yeux de certains milieux islamistes comme un encouragement d’ « une culture illicite ».
« Cela fait déjà 10 ans que le Boulevard anime la métropole. Ni la région ni la ville ne veulent subventionner. Pourtant nous attirons chaque année entre 120 et 160.000 spectateurs issus de toutes les classes sociales et aux goûts très hétéroclites », ajoute Momo qui remercie au passage les sponsors privés.
Mais la crainte des autorités demeure, rendant les aspirations de ces jeunes anachroniques. Trop tôt encore pour leur laisser plus de place, plus de visibilité. Mais le wali insiste. « Nous sommes pour la création, nous ne sommes pas contre le boulevard. Sinon nous l’aurions interdit ». Sûrement, le conservatisme demeure la règle dans les bureaux de l’administration. Les organisateurs le savent trop bien.
L’alternatif, nouveau filon commercial ?
« Nous suivons les jeunes. Par exemple, je ne suis pas fan de trans, mais d’un point de vue marketing je ne peux pas ignorer une si grosse demande », explique Rizk Housni, directeur de Maroc Party. Cette boîte d’événementiel a misé sur l’industrie de la nuit, pas pour organiser des soirées classiques dans des établissements déjà trop connus. Mais pour satisfaire un nouveau type de demande, « des jeunes qui ne veulent plus se cacher ni payer des fortunes pour écouter de la trans, du rap, ou du rock ».
Pour l’ensemble de la profession, le problème majeur reste le manque de subventions et d’autorisation, « nous manquons de moyens, d’espace, de barrières pour la sécurité. Si la ville acceptait de nous prêter des lieux, ou de nous construire au moins une salle de concert. On répondrait mieux à leurs exigences », explique Housni.
Ignorée pour le moment, cette demande ne cesse pourtant de croître avec les nouvelles générations, l’ouverture des ondes radios et surtout l’investissement croissant des sponsors qui ont repéré là une large cible de consommateurs.
L’Economiste - Najlae Naaoumi
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