
L’Union européenne veut mettre fin au transfert de fonds des Marocains résidant en Europe vers leur pays d’origine via les banques marocaines présentes sur le continent.
Né en tant que politique publique à la fin des années 1990, en appui aux initiatives prises par les migrants au profit du développement de leur pays d’origine, le codéveloppement a connu une fortune nouvelle dans un contexte volontariste de jonction des problématiques de développement et de gestion des flux migratoires.
Encore expérimentale, cette politique est confrontée à la question de sa montée en puissance et donc d’un changement d’échelle. Celui-ci suppose une clarification des objectifs, des instruments, des priorités de notre aide, de la répartition de ses moyens et de son organisation administrative, dans un souci renforcé d’efficacité. Le poids croissant des questions migratoires oblige à penser la question du développement en termes d’intérêt partagé. Obtenir une réelle implication des pays d’origine est une condition première de la réussite de cette politique. Faute de quoi, le codéveloppement risque fort de se limiter, sur fond d’un dialogue de sourds, à la juxtaposition d’actions ponctuelles non gouvernementales et d’incitations publiques au retour qui, sans être dénuées d’intérêt, ne sont à la hauteur, ni des enjeux du développement, ni de ceux d’une régulation des flux migratoires
Le codéveloppement est une pratique ancienne dont la relation avec la maîtrise des flux migratoires est en revanche plus récente.
Si le terme de co-développement a connu une fortune récente , il est tour à tour entendu comme une forme de partenariat, de développement concerté avec les pays bénéficiaires, comme le point de rencontre et d’articulation entre les politiques de développement et les politiques de gestion des flux migratoires, voire comme une forme plus humaine d’accompagnement des retours de migrants dans leur pays d’origine.Cette ambiguïté se reflète dans le discours des pays d’origine des migrants. L’on a pu constater que le concept faisait l’objet de différences d’interprétation significatives.
Les autorités marocaines retiennent, pour leur part, une définition très large du codéveloppement et le conçoivent comme un partenariat macro-économique entre les deux rives de la Méditerranée au bénéfice de la compétitivité de l’ensemble dans la mondialisation. Des coopérations dans le secteur textile, une approche concertée des délocalisations, une circulation facilitée des salariés entre les deux espaces ont ainsi été évoquées.
Au total, l’appropriation du terme de co-développement est réelle, avec des contenus très variables. Un travail d’explication et de clarification est indispensable pour lever les ambiguïtés sur un sujet aussi sensible.
Libération - K.a.s
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