“Plusieurs personnes ont été maintenues … en détention secrète pendant des jours ou des semaines, soumises à des mauvais traitements et parfois à la torture pendant leur interrogatoire, et condamnées dans le cadre de procès inéquitables”. L’organisation Human Rights Watch cite à ce propos de nombreux témoignages de détenus et de leurs avocats, selon lesquels « les agences de renseignement continuent d’utiliser un centre de détention non reconnu à Témara pour interroger certaines personnes soupçonnées de délits graves (et) des suspects continuent d’alléguer qu’ils ont été torturés lors de leurs interrogatoires ».
Rappelant que « les policiers sont rarement amenés à répondre de violations des droits humains », HCR précise que « dans les affaires à connotation politique, les tribunaux refusent régulièrement aux accusés un procès équitable, ignorant les demandes d’examens médicaux déposées par les accusés qui affirment avoir été torturés, refusant de citer à comparaître des témoins à décharge, et condamnant des accusés sur la seule base d’aveux apparemment arrachés sous la contrainte ».
La situation de la presse a été également épinglée par HCR. L’organisation rappelle à cet effet que « la liberté de la presse ne peut toujours pas franchir certaines limites » et qu’« au cours de l’année 2007, les autorités ont renforcé ces restrictions » imposées aux journalistes.
Idem pour ce qui est de la liberté d’association, de réunion et de mouvement. Le jugement à ce propos est sans appel : « La plupart des réunions publiques requièrent l’autorisation du ministère de l’Intérieur, lequel peut refuser d’octroyer sa permission s’il estime qu’elles sont susceptibles de troubler l’ordre public ». Ce pouvoir discrétionnaire, note l’organisation, « s’exerce plus fréquemment lorsque les manifestants ont des intentions critiques à l’égard des politiques gouvernementales » et, « bien que bon nombre des fréquentes manifestations publiques organisées à Rabat se déroulent paisiblement, il arrive que certaines soient dispersées brutalement par la police à coups de matraque ». Lesquels coups font non seulement mal aux personnes sur lesquelles elles s’abattent, mais aussi au pays en écornant son image de marque.
Libération - Mohamed Sakhi