C’est surtout l’immobilier touristique qui est le plus touché. Du moins selon Rachid Khayatey, PDG de KLK et vice- président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). « Marrakech est la ville la plus touchée, mais la reprise a commencé », ajoute-t-il.
La majorité des promoteurs contactés affirment que leurs programmes fonctionnent bien puisque les transactions se poursuivent et que leurs investissements seront maintenus. La demande locale, même si elle n’est pas énorme, sauve la mise. Du moins pour ceux qui affichent des prix « raisonnables » et mettent en place des « produits adaptés ». « Le positionnement du produit est primordial. Il ne s’agit pas de concevoir des produits haut de gamme « banalisés » qui se singularisent par un prix élevé, mais bien de les définir avec un concept, qui soit à la fois original et différencié, et à un prix qui reste abordable », explique Karim Belmaachi, directeur général du groupe Alliances.
La crise internationale a certes impacté la clientèle étrangère, mais la demande se maintiendrait, selon Belmaachi, en provenance des Etats-Unis, d’Europe, et du Moyen-Orient et même de la part du marché anglais pour certains programmes. Rappelons toutefois que ces pays sont les plus touchés par la crise internationale. En Espagne par exemple, la crise de l’immobilier s’est traduite par une baisse des prix allant jusqu’à 30%. Le directeur général du groupe Alliances affirme aussi que « d’autres marchés se sont créés au niveau international. En Asie et en Europe de l’Est. Un des facteurs clés de la réussite sur ces marchés émergents est la percée du Maroc en tant que destination haut de gamme ».
De l’avis de certains promoteurs, cette crise pourrait également être mise à profit pour mieux vendre le Maroc. « Nous ne disposons d’aucune stratégie commune. La crise internationale doit nous pousser à mettre en place un plan de la promotion du pays », soutient Hamid Faridi, conseiller du président de Jet Groupe. Il cite l’exemple de certains salons de l’immobilier organisés à l’étranger et durant lesquels de nombreux clients ont manifesté leur intérêt pour des placements dans l’immobilier au Maroc jugé plus sûr.
Durant cette période de « ralentissement », les promoteurs s’attendent à un recentrage du marché, « lequel était dans une situation illogique, l’offre s’est propulsée de manière affolante », concède Faridi.
Selon le PDG de KLK, la casse touchera surtout ceux qui se sont improvisés promoteurs, qui n’ont pas ciblé leur marché ou encore travaillé leur produit. « Il s’agit des intrus, des banquiers, des industriels ou encore de fonctionnaires qui se sont mis à la promotion immobilière l’assimilant à un travail facile ».
Pour autant, les prix ne seront pas revus à la baisse. Les promoteurs contactés parlent tous du maintien de leurs prix jugés dans l’ensemble compétitifs. « A Bouskoura par exemple, nous avons démarré par un prix de lancement et nous allons probablement augmenter nos prix », affirme Hassan Belbachir, directeur général du groupe Addoha. Les prix pratiqués au Maroc sont également jugés compétitifs par rapport à d’autres pays. En tout cas, les promoteurs s’accrochent à leurs programmes initiaux avec quelques réajustements. Dans sa stratégie, Addoha a décidé de revoir à la baisse les dimensions des appartements dans le haut standing touristique. « Nous partons du fait que la personne veut disposer d’un pied-à-terre non pour rester à la maison. Ce n’est pas une résidence principale », justifie Belbachir. Le groupe Alliances maintient aussi « le cap des projets en cours de développement, tout en adoptant systématiquement un concept qui les différenciera et innovera par rapport aux autres produits existants ».
KLK poursuivra également ses projets thématiques. « Nous nous inscrivons dans la demande de demain en réalisant des projets à performance environnementale », affirme Khayatey. Chez Jet Sakane, le mot d’ordre est de rassurer les clients et de poursuivre les projets, « au Maroc c’est plus une crise psychologique », affirme Faridi.
Aucune définition du haut standing
Dans le haut standing, la grande difficulté est liée à la définition même du produit. En l’absence de normes, c’est devenu un fourre-tout. « L’appellation désigne une infinité d’offres qui ne sont pas véritablement liées. Il existe une confusion : plus c’est cher, plus c’est haut. Une segmentation par le prix totalement erronée », précise Hamid Faridi, conseiller du président de Jet Groupe.
Dans cette catégorie de l’immobilier, les prix au mètre carré démarrent à partir de 12.000 dirhams et peuvent aller à plus de 40.000. Une marge énorme, selon Khayatey qui précise qu’un travail est en cours au sein de l’Association marocaine pour la construction durable où siège Taoufiq Hejira, ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme. L’idée est de mettre en place une catégorisation qui tient compte de certaines normes. Un cahier des charges de prescription spéciale sera lancé dès ce mois.
Source : L’Economiste - Khadija Masmoudi