La hausse des prix de l’immobilier se poursuit

25 décembre 2007 - 17h10 - Economie - Ecrit par : L.A

Ceux qui spéculaient sur une baisse ou du moins sur une stagnation des prix de l’immobilier en seront pour leurs frais. Les terrains, appartements, maisons traditionnelles ou villas coûtent de plus en plus cher. Si la saison estivale est caractéristique d’une hausse des prix de l’immobilier résidentiel, touristique et des terrains nus, notamment en raison de la rentrée au pays des Marocains résidents à l’étranger, la tendance était d’habitude à une stagnation de l’offre et donc à une baisse des prix de l’immobilier après le départ de ces derniers.

Mais la réalité a déjoué les pronostics cette année. Le quatrième trimestre de 2007 a en effet connu une hausse notable des prix de l’immobilier, comme en témoignent les professionnels. « La courbe ascendante se maintient », explique Karim Baqqali, directeur régional de CB Richard Ellis, numéro un mondial du conseil en immobilier. William Simoncelli, DG de Carré Immobilier Maroc, abonde dans le même sens. « Sur les trois derniers mois, nous avons enregistré des hausses du prix du mètre carré, que ce soit résidentiel ou professionnel », explique-t-il. Et de préciser que, dans certains quartiers de Casablanca, cette hausse a même atteint les 30% entre août et décembre.

Une offre en inadéquation avec la demande tant au niveau des prix que de la conception du logement

Cette tendance haussière touche essentiellement les grandes villes du Royaume. Et les raisons sont nombreuses. « L’immobilier est un marché qui répond à toutes les règles économiques de l’offre et de la demande. La demande reste beaucoup plus importante que l’offre, ce qui se traduit par une hausse des prix de vente », souligne Karim Baqqali. En outre, les promoteurs immobiliers, les banquiers et autres intermédiaires sont d’accord quant à l’inadéquation entre l’offre et les besoins de la population marocaine. Une analyse du cabinet CB Richard Ellis le met en évidence dans le segment du moyen standing, sur lequel l’offre est quasi-inexistante.

Cette analyse est partagée par la Fédération nationale de la promotion immobilière (FNPI). Pour Youssef Iben Mansour, membre de son bureau, c’est la rareté d’une offre immobilière répondant aux besoins des Marocains qui maintient les prix à un niveau élevé. « Prenons l’exemple de Casablanca. Il n’y a pas beaucoup d’appartements en vente actuellement. Et la rare offre disponible ne répond pas, par son agencement, son aménagement ou tout simplement son prix à la demande du citoyen. Au final, on se retrouve avec des prix allant de 10 000 DH à 16 000 DH le mètre carré. Ce qui est complètement en déphasage avec le revenu moyen des habitants de la métropole ou leur épargne », souligne ce promoteur, par ailleurs président de l’Association des lotisseurs et promoteurs immobiliers de Casablanca (Alpic).

La hausse attendue des taux d’intérêt n’aura pas de réel impact sur les prix, selon les professionnels

Cette hausse des prix de vente des produits immobiliers a eu une autre conséquence sur le secteur. Elle allonge davantage les délais de commercialisation des projets, de quelques mois à plus d’une année, comme c’est le cas pour ce projet immobilier construit dans le quartier casablancais de Mâarif Extension, et dont le promoteur a été obligé de baisser les prix du mètre carré de certains appartements de 12 000 à 10 000 DH. Mais son geste reste une exception. Les autres promoteurs préfèrent attendre, affirmant être eux-même grevés par le prix de revient des logements, notamment la composante foncière.

La hausse attendue des taux d’intérêt des prêts immobiliers n’arrangera pas les choses. Mais, sur ce point, les professionnels ne s’attendent pas à un grand chamboulement de la tendance. Pour Karim Baqqali, directeur régional de CB Richard Ellis, « même avec un point de plus, nous sommes loin des 10 % de taux d’intérêt appliqués il y a quelques années ». Et d’ajouter que l’allongement de la durée de remboursement jusqu’à 40 ans pour de nombreux crédits pourrait compenser cette hausse des taux. La même réponse est donnée par Youssef Iben Mansour pour qui « l’impact de cette hausse ne sera pas aussi important que ce qui est annoncé ».

Les professionnels sont donc unanimes. Aussi bien promoteurs qu’agents immobiliers s’attendent au maintien de cette courbe ascendante. « Il n’y a pas de risque de chute brutale des prix sur le moyen terme. Il ne faut pas oublier qu’un projet immobilier se développe au bout de 12 à 18 mois », souligne Karim Baqqali.

La vie éco - Fadoua Ghannam

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Croissance économique - Prix

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc va recourir au FMI pour renforcer ses réserves de change

Face à la détérioration de sa position extérieure, le Maroc sollicitera le soutien du Fonds monétaire international (FMI) pour renforcer ses réserves de change, selon Fitch Solutions.

Le Maroc va instaurer une aide à l’achat de logement

L’achat de logements au Maroc pourrait bien connaître un nouveau souffle. Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’habitat et de la Politique de la ville, a laissé entendre que des dispositions...

Terres soulaliyates : mise en garde du ministère de l’Intérieur

La légalisation des signatures portant sur des transferts de propriété de terres soulaliyates est « illégale » et peut donner lieu à des poursuites judiciaires, a rappelé le ministère de l’Intérieur aux présidents des collectivités territoriales.

Constructions illégales au Maroc : un guide pour les bonnes pratiques

La ministre de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, du logement et de la politique de la ville, Fatima Zahra Mansouri, a fait part aux directeurs des agences urbaines des difficultés notées dans la mise en œuvre de la procédure de...

Maroc : voici les villes où les prix ont augmenté

Au terme de l’année 2022, l’inflation a atteint 6,6% et l’indice annuel des prix à la consommation (IPC) a enregistré une hausse de 6,6% par rapport à l’année 2021, selon le Haut-commissariat au plan (HCP), qui précise que certaines villes ont vu...

Aide au logement au Maroc : le flop ?

Applaudi à son lancement, l’aide au logement ne suscite plus le même engouement. À ce jour, 8 500 personnes ont bénéficié de cette subvention.

Immobilier au Maroc : baisse des prix

Au deuxième trimestre de cette année, le secteur immobilier au Maroc montre des signes d’essoufflement, avec une forte baisse des transactions.

Le roi Mohammed VI lance l’aide au logement

Les choses se précisent pour la mise en œuvre du nouveau programme d’aide au logement visant à renouveler l’approche d’accès à la propriété, en suppléant au pouvoir d’achat des ménages, via une aide financière directe aux acquéreurs.

Le Maroc va construire deux millions de logements sociaux

Le Maroc devra construire encore près de deux millions de logements sociaux pour satisfaire la demande toujours forte, a indiqué Fatima Ezzahra El Mansouri, la ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la...

Aide au logement : succès auprès des MRE

Près d’un quart des potentiels bénéficiaires de l’aide au logement sont des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Les inscriptions ont démarré le 1ᵉʳ janvier.