Écartée de la présentation du JT de 19h sur RTL en janvier, Salima Belabbas revient en force en tant qu’animatrice de deux émissions phares de la chaîne privée.
Depuis 2005, c’est la 10e décision de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) qui vise une publicité. Sa dernière jurisprudence n°16-08, datant du 26 mai, ordonne « l’arrêt immédiat » de diffusion du spot lancé par Méditel sur les deux chaînes publiques, 2M et la SNRT. Celui-ci fait la promotion des services d’Internet mobile 3G.
La publicité « censurée » montre une jeune femme conduisant un bolide de la Formule 1 en plein centre-ville. La pilote grille un feu rouge à grande vitesse avec sa voiture de course et dépasse tous ses concurrents. La caméra braque, et l’on voit une fillette au bord de la piste, « admirative » devant ces performances. La Haca a estimé que l’attitude de la jeune conductrice constitue « une incitation à l’excès, à l’imprudence et au non-respect du Code de la route à travers l’excès de vitesse et le dépassement illégal ». L’argumentaire du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle, instance délibérative de la Haca, fait valoir aussi que le spot sape les « efforts de sensibilisation à la prévention routière ».
Formule 1
L’interprétation est « déplacée » ou « prend au premier degré » le contenu du spot. C’est en ces termes qu’officieusement, annonceur et régies ont qualifié la décision de la Haca. Leur principal argument, « la scène ne se passe pas dans un espace urbain mais sur une piste de course ». « Y a-t-il des taxis ou des feux de circulation sur un circuit de Formule 1 ? », réplique une source à la Haca.
Le régulateur audiovisuel s’est appuyé notamment sur l’article 2, alinéa 3 de la loi n°77-03. Une disposition qui consacre le concept de « publicité interdite ». C’est le cas lorsqu’un spot met en avant « …des scènes de violence, des incitations à des comportements préjudiciables à la santé, à la sécurité des personnes et des biens ou à la protection de l’environnement... ». C’est le cas aussi lorsqu’une publicité fait l’apologie d’une discrimination basée sur la race ou le sexe…
Le régulateur se réfère également aux dispositions du cahier des charges de la SNRT (articles 129) et de 2M (article 34) qui les obligent à ne diffuser ni publicité interdite ni publicité clandestine.
Ce n’est pas la première décision du genre. Méditel, filiale de Télephonica, a déjà vu l’une de ses campagnes qualifiée de publicité interdite. L’on se rappelle de la fameuse décision dite « Tapis rouge ». Elle a d’ailleurs inauguré, en mars 2005, le volet publicitaire dans la jurisprudence de la haute autorité. Le spot en question comportait des scènes dénigrant les services d’un opérateur concurrent (Maroc Telecom). Même si la publicité comparative est légale, « elle doit respecter les principes de la concurrence loyale », avait considéré la Haca.
Cette fois-ci, Méditel a eu plus de chance. Car sa « campagne publicitaire, qui a débuté en janvier, s’est achevée fin mars », d’après une source du monde publicitaire. La décision de la haute autorité intervient donc tardivement. Interrogée, la Haca rétorque que c’est une question de procédure !
L’interruption de la campagne n’entraînera donc pas de perte financière pour l’annonceur. Le coût de cette pub concoctée par « le groupe Klem’s, spécialisé en conseil et communication, oscillerait entre 800.000 et 1 million de DH », précise une source proche du dossier.
Autorégulation
La dernière décision de la Haca, visant un spot de Méditel, s’apparente plus à un « avertissement » qu’à une sanction. Une publicité est à la fois un produit commercial et artistique. « Car elle fait appel à l’imagination, à la fiction, mais doit vendre… Il faut donc faire preuve de créativité tout en respectant la loi », selon une source de la Haca. Le régulateur aurait-il plus une approche de pédagogue que de gendarme ? C’est du moins ses ambitions. Car il y a une « volonté de populariser l’autorégulation ». C’est donc un clin d’oeil aux publicitaires qui se penchent actuellement sur la création d’un Conseil d’autorégulation. Une commission tripartite composée d’annonceurs, régies et agences publicitaires a été constituée d’ailleurs début février (cf. L’Economiste du 3 mars 2008 et du 7 novembre 2007). Le Conseil, s’il voit le jour, visionnera les spots avant leur diffusion et cautionnera leur contenu. Ainsi, l’on instaurera un contrôle a priori des publicités. Pour l’instant, il se fait a posteriori par la Haca, après diffusion du spot sur le petit écran.
Source : L’Economiste - Faiçal Faquihi
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