Il est 20 heures, le 20 novembre dernier, quand ce groupe de passionnés d’automobiles arrive aux abords de Grenade (Andalousie), à quelques kilomètres du circuit de Guadix qu’ils doivent rejoindre pour une compétition.
Le convoi, qui se compose d’une quinzaine de voitures affichant le sticker « Circuit de Guadix » et pilotées par des Marocains bon teint, dont quelques décideurs économiques, se trouve alors encerclé par une vingtaine de policiers de la Guardia Civil armés de matraques fluorescentes. Hurlements et insultes en espagnol (que la majorité des « suspects » ne comprend pas), clefs de voitures arrachées, conducteurs molestés, papiers confisqués. S’ensuivent des fouilles au corps menées sans ménagement ponctuées de « fermez vos gueules, bande de criminels ! » quand les membres du club tentent de s’expliquer. Les bagages sont vidés, les billets de banque examinés un par un. Ne trouvant rien de compromettant, les policiers s’énervent, bousculant de plus en plus les conducteurs. Au bout de 45 minutes, durant lesquelles l’autoroute a été fermée, les policiers doivent se rendre à l’évidence : nos pilotes ne sont ni des terroristes, ni des trafiquants de drogue. Déçus, ils les congédient d’un « Dégagez d’ici ! » et pas l’ombre d’une excuse.
La faute de nos conducteurs ? Piloter des véhicules immatriculés au Maroc. Aucune entorse au code de la route ne leur a été reprochée puisque l’affaire s’est soldée sans procès-verbal. Mais ils n’en restent pas moins de dangereux suspects : après un séjour enchanteur à Guadix, grâce à la gentillesse du directeur anglais du circuit, Clive Greenhalgh, ils auront le plaisir de se faire escorter jusqu’à la sortie de la ville de Grenade le dimanche 23 novembre.
On image aisément la réaction des touristes espagnols si notre Gendarmerie Royale, dont la courtoisie est exemplaire, se comportait de la sorte. On imagine aussi ce que la Guardia Civil inflige aux « haragas »…
Rafik Lahlou