« […] Une grande partie des acteurs ne s’aiment pas entre eux. C’est ça aussi la difficulté du ministre de l’Intérieur, celle de travailler avec des gens qui ne veulent pas se parler entre eux, qui, parfois, refusent même d’être dans la même pièce, et qui se parlent à coup de communiqués en s’accusant les uns des autres de choses dont je ne comprends parfois même pas le début ni la fin de l’accusation. C’est donc très difficile de voir ce manque d’unité dans le monde musulman français », a déclaré Gérald Darmanin dans une interview accordée à SaphirNews à l’issue de la première édition du FORIF.
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« Je crois qu’il y a des difficultés dans les mondes juif, catholique ou protestant mais, quand ils parlent aux pouvoirs publics, ils sont unis, se mettent d’accord avant, acceptent les compromis entre eux. Ce n’est pas le cas des représentants (musulmans) que j’avais devant moi jusqu’à présent », a ajouté celui qui a nourri des réflexions sur l’islam de France et a produit un « plaidoyer pour un islam français » en 2016. Selon lui, ces représentants ont tous de qualités intéressantes intellectuellement, humainement : « Certains sont même des personnes avec qui je pourrais allègrement discuter de tout autre chose, estime le ministre de l’Intérieur. Mais ensemble, ils n’arrivent pas à forger cette unité. »
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En conséquence, « cela demande une énergie supplémentaire à l’État qui n’est pas bien placé parce que légitimement, les autres disent que l’État s’occupe de tout sans s’occuper de tout, mais s’occupe de beaucoup parce que les musulmans ne sont pas unis. Ce n’est pas tellement des questions de fond sur lesquelles j’aurais échangé. C’est plus la difficulté d’avoir des interlocuteurs », a souligné le responsable, ajoutant qu’heureusement, le fait qu’il soit « un petit-fils de musulman » à la tête du ministère de l’Intérieur qui conduit le chantier de l’islam de France constitue un atout pour lui dans sa communication avec ses interlocuteurs.
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« C’est un atout parce que je sais que, quand on pose la question des carrés musulmans, je n’ai pas besoin de lire mes notes pour savoir ce qui ne va pas. […] Mes origines familiales sont l’objet d’attaques », a-t-il poursuivi. Les Marocains disent que je suis un agent des Algériens et des Algériens disent que mon grand-père a choisi la France… […] Moi, j’aime passionnément la Tunisie, le Maroc et l’Algérie. » Gérald Darmanin a par ailleurs assuré que l’État français est prêt à accompagner les musulmans. « Si les gens prennent au sérieux leur structuration, s’ils voient l’espoir que cela suscite, qu’ils s’organisent en conséquence et se solidarisent entre eux, ce n’est pas seulement le Ciel mais c’est l’État qui les aidera », a-t-il conclu.