Fuite des cerveaux, un dilemne permanent

20 avril 2005 - 09h12 - Maroc - Ecrit par :

Il est une évidence qu’il existe une corrélation étroite entre le lieu de formation et les flux migratoires des intellectuels. Les pays occidentaux, fermés en apparence aux étrangers, mènent en réalité des politiques migratoires sélectives, favorisant l’installation de personnes hautement qualifiées.

Plusieurs fédérations patronales européennes prônent aujourd’hui ouvertement un appel aux travailleurs étrangers pour pallier les manques d’effectifs qualifiés.
Le Maroc, au même titre que d’autres pays émergents, se trouve confronté , mondialisation aidant, au départ de plus en plus inquiétant vers les pays industrialisés de compétences qu’il s’est efforcé de former au prix fort durant de longues années et dont il a grand besoin.

On raconte que " des chasseurs de têtes " opèrent au Maroc. Il y a des écoles où 60 à 70% de la promotion partent à l’étranger dès la sortie. En Europe, aux Etats Unis et au Canada, on retrouve les élites marocaines dans certains secteurs stratégiques et dans le monde de l’entreprise. Il n’est pas innocent que les représentations diplomatiques des pays industrialisés tissent des liens étroits avec les centres de formation, les instituts supérieurs et les académies du pays.

Certes, aucun chiffre n’existe pour quantifier ce phénomène mais l’on sait par ailleurs que, toutes formations confondues, le Maroc " produit " 1800 ingénieurs par an. Chiffre largement insuffisant au regard des besoins du marché marocain, estimés à 8000 personnes. S’il n’y a pas d’étude sur le phénomène de la fuite des cerveaux, il suffit de se promener dans les allées des grandes écoles pour se rendre compte que la majorité des étudiants ne rêvent que d’une chose : partir.

Or, leur départ coûte cher à l’Etat. Pour avoir une idée du manque à gagner pour l’économie nationale, il suffit de savoir que les 240 ingénieurs mis annuellement sur le marché coûtent à la collectivité pas moins de 1,2 millions de dirhams. Rien que pour la phase de l’enseignement supérieur ! Et que la valeur ajoutée créée par un ingénieur dans un pays développé est estimée à 50.000 dollars américains par an.

Une formation d’ingénieur à l’INPT (Institut national des Postes et Télécommunications) coûte environ un million de dirhams à l’Etat pour les trois années d’étude et les deux années préparatoires. Il reste pourtant vrai que le système d’enseignement supérieur n’est pas outillé pour produire des compétences adaptées aux besoins de développement du pays.

La pénurie de matériel scientifique et d’enseignants fait que le système produit une écrasante majorité de diplômés dans les disciplines offrant peu de perspectives d’emploi.

Il devient donc urgent de sensibiliser les Marocains de l’étranger et de les inciter à s’impliquer dans le développement local. Il faudrait dorénavant créer les conditions de travail adéquates pour attirer les expatriés ou les mobiliser en les associant à distance aux projets de développement.

Le Matin

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Fuite des cerveaux - Immigration

Ces articles devraient vous intéresser :

Expulsions de France : autrefois protégés, ils sont désormais visés

Depuis la promulgation de la nouvelle loi « asile et immigration » en France, les expulsions sous OQTF visent désormais plusieurs catégories d’étrangers autrefois protégées par la loi.

Les Marocains parmi les plus expulsés d’Europe

Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».

Éric Ciotti (Les Républicains) en visite au Maroc

Une délégation du parti Les Républicains, menée par Éric Ciotti, a annoncé sa visite au Maroc du 3 au 5 mai prochains dans le but de poursuivre « une relation de fraternité et de responsabilité » avec le royaume.

L’Europe délivre un nombre record de permis de travail aux Marocains

Eurostat, institution relevant de la Commission européenne chargée de produire et diffuser des statistiques communautaires, a dévoilé le nombre de Marocains ayant obtenu les permis de travail temporaire en 2023.

Ouverture exceptionnelle de la frontière entre le Maroc et l’Algérie

La frontière entre l’Algérie et le Maroc a été exceptionnellement ouverte cette semaine pour permettre de rapatrier le corps d’un jeune migrant marocain de 28 ans, décédé par noyade en Algérie.