Depuis la promulgation de la nouvelle loi « asile et immigration » en France, les expulsions sous OQTF visent désormais plusieurs catégories d’étrangers autrefois protégées par la loi.
Il est une évidence qu’il existe une corrélation étroite entre le lieu de formation et les flux migratoires des intellectuels. Les pays occidentaux, fermés en apparence aux étrangers, mènent en réalité des politiques migratoires sélectives, favorisant l’installation de personnes hautement qualifiées.
Plusieurs fédérations patronales européennes prônent aujourd’hui ouvertement un appel aux travailleurs étrangers pour pallier les manques d’effectifs qualifiés.
Le Maroc, au même titre que d’autres pays émergents, se trouve confronté , mondialisation aidant, au départ de plus en plus inquiétant vers les pays industrialisés de compétences qu’il s’est efforcé de former au prix fort durant de longues années et dont il a grand besoin.
On raconte que " des chasseurs de têtes " opèrent au Maroc. Il y a des écoles où 60 à 70% de la promotion partent à l’étranger dès la sortie. En Europe, aux Etats Unis et au Canada, on retrouve les élites marocaines dans certains secteurs stratégiques et dans le monde de l’entreprise. Il n’est pas innocent que les représentations diplomatiques des pays industrialisés tissent des liens étroits avec les centres de formation, les instituts supérieurs et les académies du pays.
Certes, aucun chiffre n’existe pour quantifier ce phénomène mais l’on sait par ailleurs que, toutes formations confondues, le Maroc " produit " 1800 ingénieurs par an. Chiffre largement insuffisant au regard des besoins du marché marocain, estimés à 8000 personnes. S’il n’y a pas d’étude sur le phénomène de la fuite des cerveaux, il suffit de se promener dans les allées des grandes écoles pour se rendre compte que la majorité des étudiants ne rêvent que d’une chose : partir.
Or, leur départ coûte cher à l’Etat. Pour avoir une idée du manque à gagner pour l’économie nationale, il suffit de savoir que les 240 ingénieurs mis annuellement sur le marché coûtent à la collectivité pas moins de 1,2 millions de dirhams. Rien que pour la phase de l’enseignement supérieur ! Et que la valeur ajoutée créée par un ingénieur dans un pays développé est estimée à 50.000 dollars américains par an.
Une formation d’ingénieur à l’INPT (Institut national des Postes et Télécommunications) coûte environ un million de dirhams à l’Etat pour les trois années d’étude et les deux années préparatoires. Il reste pourtant vrai que le système d’enseignement supérieur n’est pas outillé pour produire des compétences adaptées aux besoins de développement du pays.
La pénurie de matériel scientifique et d’enseignants fait que le système produit une écrasante majorité de diplômés dans les disciplines offrant peu de perspectives d’emploi.
Il devient donc urgent de sensibiliser les Marocains de l’étranger et de les inciter à s’impliquer dans le développement local. Il faudrait dorénavant créer les conditions de travail adéquates pour attirer les expatriés ou les mobiliser en les associant à distance aux projets de développement.
Le Matin
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