Une famille locale qui veut garder l’anonymat est menacée d’expulsion du territoire français, alors que le père possédait la nationalité française et que ses enfants ont grandi ici.
« Je suis arrivé en France en 1990, j’étais en Normandie, j’ai déménagé sur Paris, avant de rejoindre les Ardennes et le quartier d’Orzy où j’habite depuis 2004 », explique le père. Il a 3 enfants : l’aînée, a 15 ans, fréquente le collège George-Sand où elle a d’excellents résultats scolaires. L’autre enfant a 12 ans, et la benjamine, 3 ans, elle est née en France. Le papa, d’origine marocaine, travaille en intérim comme aide-maçon coffreur.
Comment la famille en est arrivée là ? « J’avais une carte de séjour de 1990 à 1992, après j’ai fait une demande de nationalité française, j’ai obtenu une carte d’identité, j’ai donc dû rendre ma carte de séjour. Or, le 12 septembre 2006, la préfecture m’a convoqué avec ma carte d’identité et m’a fait savoir que je n’étais plus français », explique le père de famille. « Je n’ai pas du tout compris cette remise en question ».
En fait, on reprochait au chef de famille d’être polygame. « En 1990 je me suis marié avec une Française, peu de temps après elle a demandé à divorcer. Elle a quitté le domicile conjugal. Je suis rentré au Maroc, me suis marié avec une Marocaine puis je suis revenu en France avec elle. La procédure de divorce a duré jusqu’en 1997. Pour moi, je croyais que c’était fini avec la première épouse, jamais j’aurais cru que la République française m’aurait reproché d’être polygame. J’étais piégé. Jusqu’en 2006, je ne savais même pas que je n’étais plus français, j’avais toujours ma carte d’identité. Si j’avais su j’aurais envisagé un recours devant le tribunal pour me défendre. Depuis 2006, la préfecture me délivre un récépissé de 3 mois, je n’ai plus droit à une carte d’identité, ni à une carte de séjour. Il y a un mois, j’ai reçu un courrier qui me demandait de quitter le territoire français avec mes enfants. Je suis comme un clandestin, je n’ai plus de papier, et je suis menacé d’expulsion alors que voilà 18 ans que je suis en France », dit notre interlocuteur.
« Les enfants ont la trouille, vont à l’école la peur au ventre et se disent qu’à tout instant, la police peut venir ». Le père juge cette situation d’autant plus injuste que son père, a fait la guerre 1939-1945 pour les Français, face aux Allemands : « Il a eu la jambe arrachée pour la libération de la France ». Aujourd’hui cette famille espère faire changer d’avis la préfecture, grâce à l’intervention du monde associatif et des personnalités. Côté préfectoral, le directeur de cabinet n’a pas souhaité réagir.
Source : L’Union