L’arnaque au Bitcoin a commencé en 2020. L’escroc présumé est Yassine*, un jeune homme de 22 ans, issu d’une grande famille qui a côtoyé la fille de Michel*, un Français installé au Maroc depuis 12 ans, à l’école américaine de Marrakech. Tous les deux faisaient partie d’un « groupe d’amis très soudés, les parents se connaissent et se voient souvent ». Des années plus tard, il « s’est présenté comme étant un spécialiste du placement financier rentable et sûr ». Il a dans un premier temps réussi à convaincre ses vieux amis à placer quelques modiques sommes. Après, c’est au tour des parents de doubler la mise.
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Michel, sa petite fille, sa fille ainée, son fiancé, ainsi que la belle-mère ont placé toutes leurs économies. Une autre famille française, dont le père est un riche industriel, ainsi que trois autres familles marocaines, ont investi d’énormes sommes d’argent dans le bitcoin. « Lorsqu’on plaçait dans les 200 000 DH, il nous disait peu de temps après que nous avions gagné dans les 50 000 DH. L’appât était donc extraordinaire. Cela a duré tout l’été. Arrivé l’automne, il a commencé à nous demander beaucoup plus d’argent avec des placements beaucoup plus importants », explique à H24info Michel.
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Pour parfaire son plan, Yassine leur a fait parvenir, dès novembre, des contrats. Il leur a fait croire qu’ils gagneraient 12 % de leurs intérêts chaque mois. Les virements sont effectués durant les prochains mois. Contre toute attente, Michel reçoit, en février, un coup de fil d’une autre cliente. « Nous avons un gros problème », dit-elle. « Nous sommes rentrés au Maroc fin février. J’attendais mes intérêts qui n’arrivaient pas. J’ai envoyé plusieurs messages, mais aucune réponse. On a essayé d’appeler directement Yassine*, mais pas réponse évidemment », indique Michel.
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Le père de Yassine le contacte. Michel accompagné de sa femme le rencontre dans un restaurant au cœur de Jamea El Fna. « On a tout perdu », lui explique le père du présumé escroc. Il promet de le dédommager à hauteur 30 %. Un arrangement peu satisfaisant pour le Français, puisque « son fils ne cessait de nous répéter que notre capital était garanti ». Fin juin, il dépose plainte pour escroquerie. Michel et ses proches ont été délestés de 884 400 euros.
*Prénoms d’emprunt