Espionnage avec Pegasus : le journaliste Ignacio Cembrero continue d’accuser le Maroc

15 janvier 2023 - 00h10 - Espagne - Ecrit par : P. A

Le journaliste espagnol Ignacio Cembrero a répondu vendredi à sa quatrième procédure judiciaire pour une plainte du Maroc qu’il a accusé d’espionnage à l’aide de Pegasus. Son avocat dénonce un « harcèlement » du royaume qui chercherait à « faire taire » son client.

Poursuivi en justice pour la quatrième fois par le Maroc, Cembrero a demandé que la plainte du royaume soit rejetée. « Nous osons dire qu’il s’agit simplement d’une action judiciaire par laquelle un Etat étranger cherche à faire taire un journaliste espagnol », a déclaré vendredi l’avocat de Cembrero dans sa plaidoirie. Le Maroc a porté plainte contre lui pour l’avoir accusé d’espionnage à l’aide du logiciel israélien Pegasus, après la publication en 2021 d’une enquête du réseau de journalistes Forbidden Stories qui accusait également le royaume d’espionnage de journalistes, de militants et personnalités politiques.

Lors de sa comparution au tribunal de première instance de Madrid, Cembrero a dénoncé un « harcèlement continu [du Maroc] qui va au-delà du judiciaire », soulignant avoir vu des photos et des messages privés de lui avec des personnalités espagnoles dans des médias marocains, rapporte Publico. Le journaliste espagnol a affirmé n’avoir « aucune preuve, mais des indices solides » contre le Maroc dans cette affaire d’espionnage à l’aide de Pegasus dont ont été également victimes le président Pedro Sanchez et plusieurs ministres espagnols.

À lire : Le Maroc porte plainte contre le journaliste espagnol Ignacio Cembrero

Les avocats du Maroc, Sergio Berenguer et Ernesto Díaz-Bastién, ont demandé que le journaliste se rétracte et que les frais de procédure lui soient imposés, faisant observer que la qualité de journaliste de l’accusé n’est pas prise en compte et que la liberté d’expression n’est pas en cause. Ce sont les déclarations d’une victime présumée d’espionnage, comme l’indique un rapport de police, qui sont considérés, ont-ils précisé. Pour sa part, l’avocat de Cembrero, Javier Sánchez, dénonce une tentative du Maroc de « faire taire » le journaliste.

« Je suis victime de harcèlement de la part des autorités marocaines depuis 2014 et d’insultes constantes et systématiques de la part des autorités et de la presse du pays voisin », a déclaré le journaliste, soulignant que ces procédures judiciaires lui ont nui sur plan professionnel, de nombreuses sources ayant cessé de lui donner des informations. Le Maroc avait déjà accusé à deux reprises le journaliste pour apologie du terrorisme. Les procédures sont en suspens. Il a été acquitté pour une troisième accusation d’un homme d’affaires lié aux services secrets marocains qui l’a accusé de porter atteinte à son honneur.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Droits et Justice - Espionnage

Aller plus loin

Pegasus : «  Amnesty et Forbidden stories ont dix jours pour fournir les preuves contre le Maroc  »

Accusé d’avoir mis sur écoute des personnalités et des journalistes étrangers, le Maroc engage l’avocat Olivier Baratelli, mandaté pour déposer une plainte contre Amnesty...

Affaire Ignacio Cembrero : le Maroc fera appel de la décision du tribunal de Madrid

Le Maroc n’abandonne pas l’affaire contre le journaliste espagnol Ignacio Cembrero qui l’accuse de l’avoir espionné à l’aide de Pegasus. L’avocat du royaume, Ernesto...

Le Maroc porte plainte contre le journaliste espagnol Ignacio Cembrero

Le Maroc vient de poursuivre en justice le journaliste espagnol, Ignacio Cembrero, spécialiste du Maghreb, qui avait accusé le royaume d’avoir piraté son téléphone à l’aide du...

Espionnage avec Pegasus : le Maroc persiste et fait appel contre Ignacio Cembrero

Le Maroc a fait appel de la décision du tribunal de Madrid qui a rejeté sa plainte contre Ignacio Cembrero qu’il accuse de diffamation. Le journaliste espagnol avait déclaré...

Ces articles devraient vous intéresser :

Les cafés et restaurants menacés de poursuites judiciaires

Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Annulation des accords UE-Maroc : le Polisario jubile

Le Front Polisario a salué la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords de pêche entre l’UE et le Maroc, la considérant comme un « triomphe de la résistance ».

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.

Plaintes de MRE : 96 % de satisfaction selon le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire

En 2022, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a traité près de 96 % des doléances présentées par les Marocains résidant à l’étranger (MRE), selon un rapport de l’institution. Sur un total de 527 plaintes déposées, 505 ont été traitées par...

Un député marocain poursuivi pour débauche

Le député Yassine Radi, membre du parti de l’Union constitutionnelle (UC), son ami homme d’affaires, deux jeunes femmes et un gardien comparaissent devant la Chambre criminelle du tribunal de Rabat.

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.