Poursuivi en justice pour la quatrième fois par le Maroc, Cembrero a demandé que la plainte du royaume soit rejetée. « Nous osons dire qu’il s’agit simplement d’une action judiciaire par laquelle un Etat étranger cherche à faire taire un journaliste espagnol », a déclaré vendredi l’avocat de Cembrero dans sa plaidoirie. Le Maroc a porté plainte contre lui pour l’avoir accusé d’espionnage à l’aide du logiciel israélien Pegasus, après la publication en 2021 d’une enquête du réseau de journalistes Forbidden Stories qui accusait également le royaume d’espionnage de journalistes, de militants et personnalités politiques.
Lors de sa comparution au tribunal de première instance de Madrid, Cembrero a dénoncé un « harcèlement continu [du Maroc] qui va au-delà du judiciaire », soulignant avoir vu des photos et des messages privés de lui avec des personnalités espagnoles dans des médias marocains, rapporte Publico. Le journaliste espagnol a affirmé n’avoir « aucune preuve, mais des indices solides » contre le Maroc dans cette affaire d’espionnage à l’aide de Pegasus dont ont été également victimes le président Pedro Sanchez et plusieurs ministres espagnols.
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Les avocats du Maroc, Sergio Berenguer et Ernesto Díaz-Bastién, ont demandé que le journaliste se rétracte et que les frais de procédure lui soient imposés, faisant observer que la qualité de journaliste de l’accusé n’est pas prise en compte et que la liberté d’expression n’est pas en cause. Ce sont les déclarations d’une victime présumée d’espionnage, comme l’indique un rapport de police, qui sont considérés, ont-ils précisé. Pour sa part, l’avocat de Cembrero, Javier Sánchez, dénonce une tentative du Maroc de « faire taire » le journaliste.
« Je suis victime de harcèlement de la part des autorités marocaines depuis 2014 et d’insultes constantes et systématiques de la part des autorités et de la presse du pays voisin », a déclaré le journaliste, soulignant que ces procédures judiciaires lui ont nui sur plan professionnel, de nombreuses sources ayant cessé de lui donner des informations. Le Maroc avait déjà accusé à deux reprises le journaliste pour apologie du terrorisme. Les procédures sont en suspens. Il a été acquitté pour une troisième accusation d’un homme d’affaires lié aux services secrets marocains qui l’a accusé de porter atteinte à son honneur.