Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».
C’est la pleine saison pour les travailleurs temporaires étrangers en Espagne, notamment en ce qui concerne les cueillettes. Cependant, pour la première fois, les saisonniers marocains ont été "ignorés" aussi bien par les autorités que les employeurs espagnols de temporaires dans l’Andalousie notamment.
Ce qui était prévisible depuis des mois est aujourd’hui une réalité amère pour plusieurs milliers de Marocains à la recherche d’une occasion de se faire embaucher, qu’il s’agisse de ceux, nombreux, établis en Espagne ou d’un grand nombre qui comptait se rendre dans le voisin ibérique pour quelques mois de travail.
Entérinant le fait accompli, les agriculteurs de cette région ont choisi d’avoir recours, et quasi exclusivement, aux temporaires des pays de l’Est de l’Europe. Cela s’est manifesté dernièrement à la Huelva, premier producteur de fraises en Europe et dont les agriculteurs ont choisi de recourir à quelque 8.000 travailleurs temporaires, pour la majorité des femmes, issus de pays de l’Est qui sont liés avec Madrid par des accords bilatéraux. Des milieux espagnols indiquent que ce choix est dicté par des raisons économiques mais d’autres ne mâchent pas leurs mots pour mettre ce précédent sur le compte de la détérioration des relations avec Rabat et aussi sur le "tempérament" des travailleurs marocains peu enclins à subir les exactions et humiliations des employeurs espagnols. On évoque aussi la manifestation de centaines de Marocains en juin dernier dans cette région pour protester contre les conditions de travail dans les exploitations agricoles de cette région. Les agriculteurs espagnols avaient accusé les travailleurs marocains de saboter la fin de la cueillette des fraises et leur font endosser la perte de plusieurs millions d’euros.
Cependant, toutes ces "raisons" ne parviennent pas à cacher la réalité des faits : un désengagement de l’Espagne vis-à-vis des accords conclus avec le Maroc et notamment celui de l’été dernier avalisé entre M. Abbas Fassi et Mariano Rajoy, premier vice-président espagnol. Les deux hommes avaient signé un accord en vertu de quoi, entre 10.000 et 20.000 temporaires marocains pourraient travailler en 2002 en Espagne. Cet accord, visant officiellement à contrôler les flux d’immigration, avait même fixé les modalités de sélection des temporaires, leurs droits et conditions sociales.
Avec la crise survenue après le rappel de l’ambassadeur marocain à Madrid, l’accord en question est resté lettre morte. Les autorités espagnoles l’avaient tout à fait ignoré avant de se manifester pour en imputer la responsabilité aux autorités marocaines qui n’auraient rien fait pour fixer un rendez-vous pour la tenue de la commission mixte chargée de veiller à l’application dudit accord.
Aujourd’hui, les temporaires marocains se trouvent devant le fait accompli : des dizaines de milliers de postes dont ils sont exclus par des employeurs qui semblent se rallier à la politique de "représailles" de Madrid. Même les travailleurs déjà installés en Espagne sont largement exclus des postes temporaires qui sont estimés à 22.000 en 2002.
Pourtant, lors de récentes déclaration, José Maria Aznar, a affirmé qu’il existe actuellement 127.216 postes vacants que les citoyens espagnols refusent de remplir.
Source : Libération
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