Elle a donc reçu carte blanche de leur part pour éduquer ces délaissés à leur triste sort par leurs parents. Elle a également reçu l’appui financier des organismes européens et des touristes de passage. En contrepartie, elle fait la pluie et le beau temps en l’absence totale de tout contrôle.
Mais la grave détérioration des conditions de vie de ces enfants a poussé certains touristes belges et allemands engagés socialement à tirer la sonnette d’alarme et à dénoncer la misère dans laquelle ces enfants vivent depuis que la présidente de l’association a décidé de s’installer à Marrakech, et d’y créer une antenne de son ONG. Depuis lors, elle a commencé à consacrer les moyens de l’association aux enfants de Marrakech en délaissant totalement ceux d’Essaouira.
Résultats : mauvaise nutrition, mauvaises conditions d’hygiène, manque de soins médicaux, absence de soutien psychologique et pédagogique, monitrices mal indemnisées et une maison d’accueil dans un état d’insalubrité insupportable !
Suite aux nombreuses réclamations reçues, le gouverneur de la ville s’est rendu sur place pour s’enquérir de l’état de ces enfants. Face à la misère indicible des pensionnaires, il a adressé un avertissement oral à la présidente qui a décidé de faire face à la situation en confiant la gestion de la maison à son fils adolescent.
Mais les nouvelles protestations de la semaine dernière émanant de voisins de celle-ci ont induit le déplacement d’une commission composée du caïd, d’un commissaire de police, d’un médecin, et de l’assistant social de l’hôpital Sidi Mohamed Ben Abdallah. L’objectif récupérer les enfants de moins de deux ans pour les faire prendre en charge par l’Association Nour Mogador.
Une requête qui s’est heurtée à un refus catégorique de la présidente, qui s’est déclarée en possession de décharges signées par les parents des enfants, lui léguant le plein droit de décider de leur devenir, sans manquer de menacer de recourir à la justice pour faire valoir ses droits sur eux. La commission est donc revenue bredouille de sa mission.
C’est une question qui interpelle les responsables, les départements ministériels concernés, les autorités locales, les institutions sociales, l’Observatoire national pour la protection de l’enfance, les associations oeuvrant dans le domaine de l’enfance, la société civile, les autorités diplomatiques et consulaires allemandes… Ils sont tous concernés par le drame que vivent ces 57 enfants abandonnés par leurs parents et la présidente.
Libération - Abdelali khallad