Fouad Idbafdil, un athlète réfugié d’origine marocaine et bénéficiant d’une bourse du Comité International Olympique (CIO) pour se préparer aux Jeux Olympiques de Paris en 2024, a été suspendu pour trois ans suite à un contrôle positif à l’EPO.
Si vous êtes joggeur parisien et qu’il vous semble croiser à la fraîche Hicham el-Guerrouj, vous serez bien réveillé. Plutôt que de loger au village des athlètes cette semaine, le triple champion du monde du 1 500 mètres a préféré se préserver en famille, à l’hôtel, entouré de ses proches et ses fidèles. Mais hors compétition, il reste l’une des étoiles les plus accessibles de la planète.
On sait où le trouver, à une quarantaine de kilomètres de Fès, à Ifrane, la station de montagne de l’Atlas marocain aux allures de village suisse où le champion et sa garde rapprochée, son coach Abdelkader Kada, son lièvre et ordonnance Hocine Benzriguinat, et son masseur, vivent six mois de l’année. Visite au pays d’el-Guerrouj.
Hicham el-Guerrouj arrive d’un footing en forêt. Il vient saluer le visiteur, s’enquiert des conditions du voyage, de logement. Il avait proposé de réserver lui-même l’hôtel. « Vous permettez que je continue mon entraînement ? On parlera après. » Inlassablement, imperturbablement, Hicham el-Guerrouj enchaîne d’innombrables tours de piste sous l’oeil d’Abdelkader Kada, le coach de toujours. « Des fois, on entraîne des athlètes pendant des années, et puis tout d’un coup ils changent... On ne sait pas pourquoi... » confiait celui-ci quelques minutes plus tôt avec un fatalisme teinté de tristesse. Hicham, lui, reste fidèle au mentor qui l’a fait champion. Il continue à tourner, à l’instar des autres garçons et filles silencieux, qui nous saluent sobrement au passage. De gros scarabées traversent le tartan fatigué, ignorant l’honneur qui leur est fait de croiser le temps d’une foulée, le chemin d’un géant parmi les hommes.
La nuit avance. Un compagnon d’entraînement va chercher la Honda d’Hicham, une Legend comme il se doit, la gare au bord de l’anneau, feux braqués sur la piste. Le rythme n’a pas varié. On songe au jogging sur lequel on fait l’impasse depuis quelque temps, on a honte. Hicham en termine enfin. Assouplissements, débriefing avec Kada. « Vous voulez faire l’interview chez moi ? Je vous emmène ? » Aux carrefours, des mains saluent le passage de la Legend. On arrive au pavillon Les Géraniums, qui pourrait se trouver dans une banlieue parisienne bourgeoise. Le dépaysement continue. Pas vraiment celui que l’on attendait.
La table de massage est installée face à la télé, sur laquelle tourne le journal de la nuit d’une chaîne française. Hicham commente l’actualité, revient sur l’exploit d’Armstrong sur la grande boucle. L’interview (lire nos éditions de lundi) se fera après le repas servi par Hocine et Hicham. Agneau, pâtes aux fruits de mer, galettes de patate, eau et soda. Hicham parle du sport, du dopage : « Dieu a créé des êtres doués de capacités exceptionnelles, certains pour la course à pied, d’autres pour les études, et chacun doit se réaliser grâce à elles. Se doper pour rivaliser dans un domaine pour lequel on ne possède pas les capacités requises, c’est exercer une concurrence ni équitable ni honorable. » Il évoque l’argent : « On ne peut pas penser en même temps à la performance et à l’argent. Si un athlète se focalise sur ce que va lui rapporter une médaille, une fois qu’il l’aura gagnée, il n’aura plus de motivation. »
Il évoque, surtout, l’avenir de son pays. « Le Maroc est un pays jeune, 75% de la population a moins de 34 ans, il y a beaucoup à faire. » Il parle de son association Beni Snassen (du nom des montagnes de sa région natale), créée pour promouvoir un centre sportif, éducatif et culturel destiné à des enfants de moins de 14 ans afin de les accompagner dans leurs études. « J’ai gagné quelques millions de dollars, mais je viens d’un milieu très modeste, rappelle Hicham. Dans le quartier où je vivais, beaucoup de jeunes n’ont pas accès à l’école, aux médicaments, et ce modèle est représentatif de beaucoup d’autres au Maroc. Mon objectif est de permettre aux gens de croire en eux-mêmes. »
Si le roi Hicham a choisi de s’isoler à Paris, ce n’est pas pour se retirer dans une tour d’ivoire. C’est pour éviter que ceux qui n’ont pas pris le temps de venir le voir à Ifrane ne le harcèlent à quelques heures de sa tentative de conquérir une quatrième couronne. « Certains médias ne couvrent que du football toute l’année, et ils vont se réveiller au dernier moment. J’aurai besoin de rester concentré. Au village, je risque aussi d’être sollicité par des athlètes, et par expérience, je sais que tous les compétiteurs n’ont pas les mêmes motivations. Certains risquent même de faire la fête. » Hicham, lui, n’est là que pour gagner.
Le Figaro
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