Hausse du carburant : L’effet boule-de-neige

17 juillet 2008 - 18h30 - Economie - Ecrit par : L.A

Depuis le 1er juillet, les automobilistes paient le litre d’essence 11,25 DH au lieu de 10,25. Une hausse qui s’est répercutée sur le prix de nombreux produits.

A signaler toutefois que l’incidence de ces augmentations n’est pas uniforme. « L’impact se situe essentiellement au niveau de la livraison des intrants à nos centrales de production et de celles-ci vers les chantiers parce que nous sous-traitons complètement le transport. Et actuellement, nous sommes en train de négocier avec notre transporteur une augmentation qui variera entre 3 et 4%. Le prix des produits que nous utilisons a déjà augmenté depuis un an de 7 à 8% en raison du renchérissement des matières premières comme le ciment, le granulat ou le sable ».

Lhaj Benkhiyi, vice-président de la Fédération des marchands de carburants, estime que « les gens acceptent tant bien que mal l’augmentation » et n’a pas noté de baisse au niveau de son activité. « A part la TVA, qui est proportionnelle, l’activité n’a pas changé. Mais le prix de certaines catégories de lubrifiants (huiles à moteur) a augmenté de 10%. Chaque société est libre d’augmenter ou non le prix de ses produits suite à l’augmentation des carburants », déclare-t-il. Un opérateur de l’industrie chimique et parachimique nous explique que son activité est directement liée au pétrole et à ses dérivés. « Donc, quand il y a augmentation des prix, il y a automatiquement une perturbation incroyable. En ce moment, nous nous demandons si nous devons commander ou pas, mais nous sommes obligés de le faire avec des volumes en nette régression ».

Selon lui, « il y a des produits dont le prix a été multiplié par 3, comme les solvants, en particulier le white-spirit, qui a augmenté de 300%, l’huile de lin, etc. Tous les autres intrants que nous utilisons ont augmenté parce qu’ils sont pratiquement tous importés. Les augmentations varient de 50 à 300%. Et cela peut même aller jusqu’à une pénurie en raison de la très grande demande à l’échelle internationale et du fait que les producteurs n’arrivent plus à satisfaire la demande de leurs clients ». L’opérateur reconnaît qu’il est devenu difficile d’augmenter les tarifs des produits transformés à cause de la concurrence. Les gens n’arriveraient plus à acheter. Pour lui, une situation d’attentisme prévaut dans le secteur.

« Quand le prix du pétrole était à 80 dollars, nous nous sommes dit : il faut attendre qu’il baisse, mais cela a continué à augmenter. Et quand il a atteint 90 dollars, nous nous sommes dit : on aurait dû acheter avant. Des experts affirment qu’il atteindra bientôt 200 dollars, ce sera très grave parce que, déjà maintenant, il est devenu impossible de faire des projections et donc de s’approvisionner normalement », s’inquiète-t-il.

Pour ce qui est des professionnels du transport, ils ne font état d’aucun changement de leurs tarifs. « Tant que le gasoil normal est vendu au même tarif, nous ne sommes pas touchés. Au début de l’année prochaine, il sera remplacé par le gasoil 50 PPM. Si le prix change, les autorités de tutelle devront trouver une formule pour que nous puissions récupérer une éventuelle différence de prix, comme c’est le cas des professionnels de la pêche », explique Abdelghani Berrada, transporteur et SG de l’Association nationale du transport moderne (ANTM).

S’agissant du prix du ciment, l’Association professionnelle des cimentiers (APC) a estimé qu’il est « maîtrisé » dans un contexte marqué par le renchérissement des prix des matières premières, de l’énergie et des services. Elle précise aussi que, depuis six ans, les augmentations de prix sont tout de même restées en deçà du niveau de l’inflation. Selon le communiqué qu’elle vient d’émettre, « il n’y a aucune raison objective pour que les prix soient supérieurs à ceux publiquement déclarés et pratiqués par les différentes unités de production de ciment ». La plupart des matériaux, produits et services ont connu des hausses à deux chiffres depuis un an. La spéculation est souvent incriminée dans la flambée des prix. Sans oublier une demande plus forte que d’habitude et émanant des nombreux grands chantiers ouverts un peu partout dans le Royaume.

Prix

Du fait de la hausse du cours du pétrole à l’international, l’augmentation du prix de l’essence et du gasoil 350 est entrée en vigueur au début du mois de juillet. Ainsi, les automobilistes doivent débourser un dirham de plus pour faire le plein d’essence qui est vendue à 11,25 DH le litre. Pour ce qui est du gasoil 350 PPM, son prix est passé de 9,13 à 10,13 DH sur un an. Mais c’est le fuel qui a connu la hausse la plus importante puisqu’il coûte désormais 3.374 DH la tonne contre 2.874, soit une hausse de 500 DH. Concernant le gasoil normal et le gaz butane, leurs prix n’ont pas changé parce qu’ils constituent des produits sensibles. Raison à cela : le gouvernement tient à sauvegarder le pouvoir d’achat des citoyens.

Source : L’Economiste - Hassan El Arif

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Prix - Energie - Pétrole

Ces articles devraient vous intéresser :

Importante découverte de gaz au Maroc

La société britannique Chariot Oil & Gas a récemment annoncé avoir fait une importante découverte de gaz naturel au Maroc, dans la licence « Loukos Onshore ».

Un important gisement de cuivre découvert au Maroc

Un important gisement de cuivre vient d’être découvert par la société minière marocaine Red Rock Mining, spécialisée dans la recherche et l’exploitation de gisements de cuivre et soutenue par des investissements étrangers.

Maroc : la "hausse des prix" des voitures reportée

L’appel des professionnels de l’automobile pour un report de la décision conjointe de Mohamed Abdeljalil, ministre des Transports et de la Logistique et de Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable sur l’obligation...

Maroc : la ministre de l’écologie critiquée pour l’achat de voitures diesel

La ministre de la transition énergétique et du développement durable, Leila Benali, se retrouve au cœur d’une nouvelle polémique liée à l’acquisition de nouvelles voitures de fonction. Non seulement on leur reproche d’être très chères, mais en plus...

Le rêve gazier du Maroc s’éloigne

La densité des forages réalisés au Maroc a atteint seulement quatre puits pour 10 000 kilomètres carrés, comparativement à la moyenne mondiale de 1 000 puits pour la même superficie. C’est ce que révèle un rapport annuel du Cour des Comptes.

Malgré l’interdiction, les sacs plastiques persistent au Maroc

Malgré une loi qui interdit les sachets plastiques, les déchets continuent de polluer les rues du royaume. Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, appelle à un engagement collectif pour relever ce défi...

Champ gazier au Maroc : Predator Oil & Gas donne des nouvelles de Guercif

La société pétrolière et gazière Predator Oil & Gas, détentrice de la licence d’exploration de pétrole et de gaz onshore dans le nord-est du Maroc, amorce la première étape du processus centré sur l’évaluation de sables spécifiques au sein des...

Le Maroc, « future centrale » énergétique de l’Europe ?

À l’heure où la résilience face aux défis climatiques doit se renforcer, le Maroc nourrit des ambitions pour les énergies renouvelables, lesquelles font de lui un partenaire de choix de l’Europe. Il ambitionne notamment de produire 52 % de son énergie...

Gazoducs, regazéification et hydrogène vert : les paris du Maroc

Le Maroc travaille à développer les énergies renouvelables pour garantir son indépendance énergétique. Les autorités du royaume ont prévu un plan ambitieux de construction d’oléoducs et de gazoducs pour atteindre cet objectif d’ici 2030.

Un frigo, 100% marocain, écologique et sans électricité

Un réfrigérateur en argile, qui fonctionne sans électricité et peut conserver les aliments pendant 15 jours. C’est l’invention créée il y a quelques années par Rawya Lamhar, une jeune ingénieure marocaine.