L’Europe veut former ses imams
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Le Porte-parole du Conseil théologique des imams du Rhône, recteur et imam de la mosquée Othman de Villeurbanne, Azzedine Gaci s’est confié à Mizane Info sur les difficultés auxquelles sont confrontés les imams, surtout lorsqu’il s’agit des questions liées à la jeunesse comme l’éducation sexuelle, les violences en tous genres.
Ils sont nombreux à se demander le rôle joué par les imams, en dehors de leur fonction de responsable religieux. Selon Azzedine Gaci, l’imam ne s’occupe pas que de l’aspect religieux, mais il fait de l’éducation des jeunes et de la sensibilisation pour un monde meilleur, des questions prioritaires. Mais des questions aussi essentielles ne sauraient être laissées à la seule responsabilité des imams. Selon le porte-parole, la question de l’éducation sexuelle des jeunes touche essentiellement les parents et les réseaux sociaux.
Les mosquées sont limitées dans leur influence, car elles touchent non seulement peu de jeunes, mais les jeunes ne sont pris en charge dans la mosquée que de 6 à 12 ans. « Le moment où les jeunes se posent ce type de question sur la sexualité mais aussi des questions sur leur présence en France, est-ce qu’ils se définissent comme Français, c’est quoi être Français musulman, etc, à ce moment-là ils ne sont plus accompagnés dans les mosquées ». Pour lui, la question est commune à toutes les religions et reste un problème de qualification et de financement. « À cet âge-là, ce ne sont pas les activités proposées par les mosquées qui les intéressent mais sortir, aller au cinéma ou discuter des sujets qui les préoccupent, indique Mizane Info.
En ce qui concerne la violence sexuelle contre les jeunes, l’inceste ou le viol, ce sont des sujets tabous et seront difficilement abordés dans les prêches du vendredi. Pour Azzedine Gaci, les imams ne sont pas réellement qualifiés pour évoquer convenablement ce genre de sujets. « La grande majorité d’entre eux sont incapables de parler de ces sujets. Les autres vont aborder ce sujet seulement sous l’angle halal/haram alors que la question est bien au-delà de cela. Il suffit qu’un enfant soit en contact avec un écran pour être agressé et se retrouver en contact avec tout et n’importe quoi. Ma méthode en tant qu’imam est d’aborder les khotbas par thème et de consacrer pour chaque thème 3, 4, 5 voire 6 khotbas s’il le faut à un sujet ». Pour l’imam, les responsables religieux ne verront jamais l’éducation sexuelle hors du champ religieux. Elle est fondée sur des règles et des principes religieux. »
Les rapports avant le mariage ou en dehors du cadre marital sont prohibés. Le problème est que l’âge moyen du mariage est autour de 29/30 ans. Rares sont ceux qui se marient avant. Comment fait-on jusque-là ? Le fait de leur dire « jeûnez » n’est pas une réponse, car le propos attribué au Prophète, paix sur lui, n’a pas ce sens-là. Il faut revoir notre rapport culturel au mariage et créer les conditions d’un mariage qui arrive plus tôt dans la vie des adultes », confie Azzedine Gaci. Il souligne que ce ne sera pas tâche facile, parce que les familles musulmanes sont devenues plus exigeantes sur la question du mariage. « En compliquant l’accès au licite, c’est-à-dire le mariage, nous avons facilité l’accès à l’illicite. Le mariage est simple en islam, ne le compliquons pas ».
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