Drame de Saïdia : l’avocat des familles des victimes menacé

10 septembre 2023 - 08h00 - France - Ecrit par : S.A

Alors que les familles du Franco-marocain Bilal Kissi et de son cousin, le Marocain Abdelali Mechaouer, tous deux froidement abattus par les garde-côtes algériens, en mer à bord de leurs jet-skis dans l’espace maritime réclament justice, leur avocat de double nationalité franco-algérienne, se dit menacé.

Le 29 août dernier, les garde-côtes algériens avaient tiré sur quatre jeunes vacanciers – trois Franco-Marocains et un Marocain – sur des jet-skis égarés dans l’espace maritime algérien. Deux d’entre eux qui sont originaires de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont été tués. Un pêcheur a retrouvé le corps de Bilal Kissi, âgé de 29 ans, et ressortissant franco-marocain, flottant du côté marocain. Le corps d’Abdelali Mechaouer, âgé de 40 ans et de nationalité marocaine, a été repêché le lendemain dans les eaux algériennes et dirigé vers la morgue de Tlemcen. Touché, Smail Nabi, également Franco-Marocain, a été arrêté et détenu par l’Algérie qui l’accuse d’être entré illégalement sur son territoire jusqu’à sa condamnation à 18 mois de prison ferme par le tribunal de Tlemcen. Quant à Mohamed Kissi, il a été sauvé par les garde-côtes marocains qui étaient à leurs recherches.

À lire : Franco-marocains tués à Saïdia : l’Algérie condamne l’un des rescapés

Après le drame, Hakim Chergui, avocat des familles de Bilal Kissi et Adbelali Mchiouer, a porté plainte pour assassinat. Si le corps de Bilal a été récupéré et enterré dans son village de Bni Drar à Oujda, au Maroc, la dépouille d’Abdelali est toujours en Algérie. « Ils m’ont refroidi le cœur », confie sa mère dans une vidéo poignante publiée par le média Hiba Press. « Il n’y a pas de contact entre le Maroc et l’Algérie. Nous sommes en train de les établir. Abdelali étant marocain, ce dossier doit être géré par les autorités marocaines. Mais elles ne peuvent pas demander des documents, sinon par le truchement des avocats », explique Hakim Chergui. Il entend « « réinjecter du droit ». « C’est ce qu’il y a de mieux contre les passions, estime-t-il. Nous voulons emblématiser le drame pour que cela devienne une quête de justice. » Mais la tâche sera ardue pour cet avocat franco-algérien habitué aux dossiers internationaux sensibles. Il dit recevoir « des menaces ». Il peut tout de même compter sur certains soutiens. « Mais il y a aussi beaucoup de manifestations de soutien d’Algériens. Ils sont solidaires de ces familles et de leurs morts. Personne ne croit en la version algérienne », dit-il.

À lire :Marocains tués en Algérie : une plainte déposée en France

Dans un communiqué, le ministère algérien de la Défense nationale a assuré que les garde-côtes ont effectué « des tirs de sommation » avant de tirer sur les vacanciers après leur « refus d’obtempérer » et leur fuite. Une version des faits contredite par le témoignage du rescapé Mohamed Kissi, témoin de la tragédie. « Ils (garde-côtes algériens) savaient pertinemment qu’ils avaient affaire à des vacanciers égarés et ils ont pourtant tiré », a-t-il accusé dans une interview au média Le360. « Un collectif de Marocains » organise ce dimanche, à 14 heures, un rassemblement à Paris (XVIe) au Trocadéro, sur le parvis des Droits de l’Homme, pour dénoncer « le double assassinat de Bilal Kissi et Abdelali Mchiouer » et « un acte barbare ».

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