
Sur Facebook, de nombreux internautes marocains et des spécialistes des relations maroco-européennes affichent leur satisfaction après la décision de la Cour de justice annulant les accords de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.
Au titre de sa nouvelle politique de bon voisinage, l’Europe veut faire "amie-amie" avec le Maroc. Mais les "fuites" qui précèdent la publication du plan d’action européen laissent apparaître une piètre "promise". Sans objectifs clairs ni dotation financière.
En mars 2003, Romano Prodi, l’actuel président de la Commission européenne, publiait un document sur "le voisinage de l’Europe élargie". Pour le coup, il s’agissait d’apporter un concept alternatif à l’élargissement qui, d’un point de vue européen, ne pouvait être la solution unique pour tous les voisins. En effet, après avoir décidé de l’entrée de 10 pays de l’Est dans l’UE, la question se posait de savoir jusqu’où l’Union était prête à aller avec ses autres partenaires. Entendez, les pays du Sud de la Méditerranée, la Russie et les NEI -
Nouveaux États indépendants - occidentaux (ex-provinces de l’URSS). Pour le Maroc, comme pour ses voisins régionaux, l’exemple turc et les réticences que son intégration suscite auprès de certains partenaires européens, notamment parce que l’adhésion pleine et entière de l’héritière de l’Empire Ottoman ne serait pas conforme à l’identité culturelle et économique des autres pays membres, était suffisamment parlant pour qu’ils s’interrogent sur les finalités européennes. En effet, depuis longtemps, l’une des principales critiques adressées aux pays européens était de rester enfermés dans le paradigme de l’élargissement. Ce qui signifiait que, fondamentalement, la politique de l’UE en direction des pays en transition n’avait consisté qu’à offrir aux plus méritants d’entrer dans le club fermé des États membres. Quant aux "mauvais élèves", aucune réponse politique claire ne leur avait été proposée.
Avec la politique "du bon voisinage", est apparue la nécessité de construire autour de l’Europe une frontière de "prospérité, de stabilité et de démocratie", l’UE offrant de diffuser sa prospérité et ses valeurs aux pays "amis". Pour ce faire, le document suggère, en contrepartie des progrès concrets réalisés dans le respect des valeurs communes et la mise en œuvre effective de réformes politiques, économiques et institutionnelles, d’offrir à ses voisins une perspective de participation au marché intérieur. Présentée comme ça, la trouvaille de Prodi avait effectivement tous les atours d’une jolie promise et il aurait fallu être fort bégueule pour la refuser. D’ailleurs, il n’y a qu’à se replonger dans la presse de l’époque pour voir à quel point ce nouveau concept avait suscité l’enthousiasme dans le groupe désigné des "nouveaux amis". Sauf qu’un an après, et alors que le plan d’action européen doit être rendu public d’ici quelques semaines - on parle d’avril ou juin - un certain scepticisme s’est développé, à l’Est comme au Sud de l’Union.
Tel Quel
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