
Au Maroc, il n’est toujours pas possible de dire au revoir à un proche, à un Marocain résidant à l’étranger (MRE) ou à un voyageur à l’intérieur de la salle d’embarquement de l’aéroport. Une mesure à laquelle les familles marocaines s’opposent.
“Humaniser l’accueil des Marocains du monde, tel est la devise et l’objectif de la Fondation Mohammed V », déclare Kaïsse Ben Yahia, directeur ce la communication de la Fondation. Ainsi, aux abords des postes frontières du pays où transitent les MRE, près de 400 militaires (médecins, infirmières, hôtesses d’accueil), détachés de leurs corps pour l’opération « Marhraba 2007 », assurent l’encadrement et l’assistance médicale.
Pour Nadia Kabbaj et son frère Ibrahim, rencontrés au port de Tanger, « cette initiative est à saluer et elle fait chaud au cœur. Etre accueilli de cette manière par des Marocains, dévoués et sensibles à votre existence et présence, ne peut laisser insensible. En outre, un parfum de solidarité se dégage dans l’atmosphère. C’est vraiment agréable ! ». Pour Ibrahim, au volant d’un véhicule immatriculé à Marseille, « il serait bon de poursuivre l’ambition de mieux servir la diaspora marocaine. En effet, est-il normal d’être au soumis aux contrôles douaniers à deux reprises, sur le bateau et au poste frontière. Les autorités compétentes en la matière devraient se pencher sur le sujet sérieusement ».
A la question, savez-vous à combien s’élève la participation des MRE dans l’économie marocaine ? Ils répondent spontanément « qu’elle est conséquente », sans précision chiffrée. 47 milliards de Dh en 2006, lui répondis-je ! « Ah bon ! Tant mieux pour le Maroc. Espérons que ces transferts de devises sont des investissements productifs car la création de richesses est nécessaire au pays », indique Nadia Kabbaj.
A peine a-t-il franchi la frontière marocaine que Mimoun Malehou, commercial en Belgique, nous résume son voyage difficile et le programme de ses vacances. « Effectuer plus de 3000 kilomètres en moins de trois jours, c’est très éprouvant, surtout lorsque l’on est seul à bord de son véhicule. Il faut demeurer concentré, attentif et prudent car la route ne pardonne aucun excès ». Venu rejoindre sa famille, arrivée plus tôt à Meknès, Mimoun nous fait part de son calendrier estival. « Trois semaines de vacances, c’est très court. Les premiers jours, je vais m’attacher à passer du temps avec les membres de la famille, à partager des moments de joie et d’allégresse. Puis, j’ai prévu de rejoindre des amis à Marrakech pour m’adonner aux plaisirs qu’offre la cité ocre. C’est la destination idéale pour s’éclater ! », dit-il. Sur un sujet plus sérieux, à savoir le développement socioéconomique du Royaume, Mimoun Malehou, avoue ne pas connaître avec exactitude les réformes de fonds engagées par le Maroc. « Si ce n’est la Moudawana, car en Belgique, nous en parlons entre nous. L’INDH, on nous en parle aussi. Mais de là à être explicite sur le sujet, je ne le pourrai guère. C’est une initiative pour lutter contre la pauvreté où pour équiper le pays d’équipements collectifs ? ».
« 47 milliards de Dh, c’est énorme ! »
Quant à Najat Mourabit, 17 ans, originaire de Lille, auréolée de son baccalauréat « avec mention bien », elle compte profiter pleinement de son séjour au Royaume. « C’est un pays et une terre que je respecte beaucoup et que j’aime profondément. Cette année, décisive avec en ligne de mire le baccalauréat, je me suis privée de loisirs, de sorties, pour être disposer à m’éclater, le bac en poche, au Maroc. La première partie du contrat a été remplie et il ne fait aucun doute que la seconde le sera également ». En route pour la ville d’Errachidia, Najat précise que « c’est pas une ville où l’on peut s’amuser, mais ma famille y réside. Par contre, une fois les avoir salués, cap sur Marrakech où me parents sont propriétaires d’un appartement. J’y ai rendez-vous avec des copines de Lille » ajoute-t-elle.
Si, l’année durant, elle avoue s’intéresser à tout ce qui se touche le Maroc, elle se montre surprise quant à la contribution financière massive des Marocains du monde et sur la création d’une instance dédiée aux MRE. « 47 milliards de Dh, c’est énorme ! De quelle nature sont ces investissements ? Sont-ils affectés à la résorption des poches de pauvreté ? ». Sur la création d’un Conseil supérieur destinés à favoriser la participation de la diaspora marocaine au sein de la vie publique du Royaume, Najat Mourabit est réservée sur l’efficacité de cette initiative. « J’ai dû mal à discerner la philosophie et l’action que pourrait mener ce Conseil. J’ai peur que cette initiative ne creuse encore plus le fossé entre Marocains d’ici et Marocains d’ailleurs » conclue-t-elle.
La Nouvelle Tribune - Rachid Hallaouy
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