Détroit de Gibraltar : Qui veut marginaliser le Maroc ?

14 février 2003 - 11h03 - Espagne - Ecrit par :

L’Espagne et les Etats-Unis ont conclu la semaine dernière un accord sur la sécurité des navires américains dans le Détroit de Gibraltar. L’information a été rapportée par les médias ibériques presque en même temps que la directive donnée par l’état-major de l’armée espagnole aux bateaux de guerre de ce pays qui s’étaient concentrés au large des côtes marocaines de la Méditerrnaée depuis le mois de juillet 2002 et ce, pour un allégement de leur dispositif.

Dans les médias nationaux marocains, ces informations ont été brièvement reprises. Pourtant, sur le plan géographique, au moins, le Détroit de Gibraltar est une passage international bordé principalement par deux Etats : le Maroc et l’Espagne. On peut encore leur ajouter la Grande-Bretagne qui continue à exercer sa souveraineté sur le "Rocher" de Gibraltar. Aussi, la sécurité de ce couloir maritime est à la fois, une affaire internationale et un volet qui concerne deux Etats souverains et voisins lancés, après deux ans de froid, dans la réhabilitation de leurs relations bilatérales.

L’accord américano-espagnol ne semble pas avoir pris en considération ce facteur particulièrement important : c’est comme si les Etats-Unis, un autre "ami" de notre pays, avaient accepté de reconnaître à Madrid et de lui déléguer la charge de la sécurité dans le Détroit faisant fi du Maroc, de ses droits de souveraineté et de son amitié.

La question n’est pas superflue. Elle s’inscrit plutôt dans une logique conflictuelle et confuse au niveau de cette zone sensible de la Méditerranée occidentale.

Madrid sous le gouvernement Aznar avait rejeté nombre d’initiatives marocaines visant à inscrire au processus de décolonisation ses possessions dans le Nord du Maroc et ce, malgré l’insistance de Rabat sur la volonté de faire de ces points de litige un trait d’union pour le rapprochement et la prospérité des populations et des Etats voisins.

Certes, entre les deux pays, le conflit sur la pêche maritime a aggravé les divergences. Mais il faut rappeler que l’épisode le plus dangereux a été surtout celui du débarquement espagnol en grande fanfare dans l’îlot marocain de Leïla. Les observateurs peuvent constater qu’il est survenu peu de semaines après l’annonce par le Maroc de l’arrestation d’une cellule d’Al Qaïda qui voulait attaquer des bateaux américains dans le Détroit.

Ces arrestations avaient démontré déjà un niveau de coopération avancé entre le Maroc et les Etats-Unis, dans leomaine de la lutte contre le terrorisme. Mais du côté espagnol, c’était la colère mal cachée y compris dans les services secrets et la présidence du gouvernement.

La présence des gendarmes marocains dans l’îlot de Leïla a été par la suite une initiative ayant officiellement la mission d’observer et de contrôler les activités dans cette petite région marocaine du Détroit en prévention contre les actes terroristes, le trafic de drogue et l’immigration clandestine. D’où le grand étalage des forces militaires en juillet. Aujourd’hui, six mois après cette crise, l’Espagne et les Etats-Unis qui ont conclu l’accord militaire de sécurité dans la région semblent franchir dans la discrétion un pas dans la marginalisation du Maroc et de ses droits nationaux. Une affaire qui exige assurément des éclaircissements.

Sourec : Libération ( Casablanca )

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - États-Unis - Défense - Armement

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des véhicules suspects relancent les rumeurs sur les lanceurs Patriot

Des indices montrent que le Maroc s’apprête à acquérir des lanceurs du système Patriot, afin de renforcer les capacités défensives des Forces royales Air (FRA).

Le Maroc modernise ses Forces royales air avec des nouveaux hélicoptères

Les Forces royales air devraient bientôt recevoir de nouveaux hélicoptères H135M commandés auprès du constructeur européen Airbus Helicopters.

Industrie de défense : le Maroc franchit une nouvelle étape

Le Maroc ambitionne de faire partie du cercle restreint des pays leaders dans le domaine de l’industrie de l’armement. Le Conseil des ministres a adopté un décret portant création de deux zones d’accélération industrielles dédiées à l’industrie de...

Budget record pour l’armée marocaine

Le Maroc va allouer près de 12,1 milliards de dollars au ministère de la Défense en 2024. Ce montant servira entre autres à l’acquisition d’armes et d’équipements militaires.

L’armée marocaine va recevoir ses hélicoptères Apache

Le Maroc se dote d’une arme de pointe. Un hélicoptère AH-64E Guardian Apache aux couleurs de l’armée marocaine a été repéré dans une usine Boeing aux États-Unis. C’est l’un des 24 appareils commandés par le royaume pour un montant de 4,25 milliards de...

Le Polisario craint les drones marocains

Le Polisario se plaint de l’utilisation par le Maroc de drones chinois contre ses milices dans le Sahara.

Armée marocaine : une hausse historique du budget pour 2025

Le projet de loi de finances 2025 a prévu un budget de 133 milliards de dirhams pour le ministère de la Défense. Un budget en hausse par rapport à l’année 2024 où 124 milliards ont été alloués à ce département. Ces fonds serviront à l’acquisition de...

Sahara : un drone marocain abattu par le Polisario ?

Des images montrant un drone prétendument marocain abattu par le Polisario dans le Sahara circulent sur les réseaux sociaux. De quoi s’agit-il en réalité ?

Des miliciens du Polisario tués par une frappe marocaine

Plusieurs miliciens du Polisario auraient été tués et blessés par une frappe des Forces armées royales (FAR) alors qu’ils tentaient de s’approcher du mur de défense près de la région de Galtat Zemmour, au Sahara.

Coup d’accélérateur pour la défense marocaine

Le gouvernement marocain a décidé de donner un sérieux coup de pouce à son industrie de défense. Réuni le jeudi 14 novembre, le Conseil du gouvernement a acté l’exonération temporaire de l’impôt sur les sociétés (IS) pour les entreprises du secteur.