La médina de Salé fait peau neuve
Les travaux de réhabilitation de la médina de Salé engagés depuis 2019 avancent lentement. La majorité des projets entrant dans ce programme de mise à niveau sont encore en...
Les Cahiers du Plan, édité par le Centre national de documentation, a consacré son numéro de septembre/octobre aux médinas du Maroc. Les experts-rédacteurs du Haut-commissariat au plan (HCP) ont choisi la thématique des médinas du Maroc, autour de deux problématiques majeures : « Un déploiement qui s’accélère et une gentrification marginale » ou encore « Conséquences du dépeuplement sur les conditions d’habitation des ménages ». D’autres thèmes sur les « Caractéristiques du tissu économique des anciennes médinas », le « Profil de la population active » ou encore un état des lieux sur le parc logement composent les chapitre du magazine…
Un travail fastidieux quand on sait que les auteurs du dossier disposent de peu de données fiables et récentes. D’ailleurs, Mohamed Taamouti, auteur de « Médinas du Maroc : entre un déploiement qui s’accélère et une gentrification marginale », fonde son analyse sur des données de recensements anciens. A ce jour, parlant d’études consacrées aux médinas, « la seule initiative à caractère générale est celle ayant été réalisée par le Haut-commissariat au plan en 1999 sur la base des résultats de recensements généraux de la population et de l’habitat (GRPH) de 1982 et 1994 », fait remarquer Taamouti. De ce fait, même la forte variabilité du poids démographique des médinas, 737.945 habitants, soit près de 4,5% de la population urbaine, se réfère au dernier RGPH de 2004.
L’auteur de l’article nous apprend que sur les 31 médinas que compte le Maroc, « les 12 les plus grandes concentrent près de 80% de la population médinoise » ; 1/4 dans la seule médina de Marrakech avec 182.637 personnes dont 396 étrangers. Suit la médina de Fès pour 117.251 personnes dont 192 étrangers. Le RGPH de 2004 classe la médina de Casablanca au 3e rang avec zéro étranger ! Mais de manière générale, le profil sociodémographique y est le même. « La proportion des enfants de moins de 15 ans est légèrement inférieure dans les médinas alors que la population des plus de 35 ans est supérieure à la moyenne urbaine », écrit Taamouti. L’auteur explique l’accélération du dépeuplement des médinas par, entre autres raisons, la dégradation de l’image des Médinois au fil des ans, après l’indépendance. « Il y a eu le départ d’une population juive, ayant émigré en général en dehors du pays, entre 1950 et 1970 ». Mais aussi, « le départ des familles notables et moyennes vers les quartiers les plus luxueux de l’agglomération ou vers les grandes villes ». C’est le cas de plusieurs familles fassies ayant émigré vers Rabat et Casablanca. Dans la médina de Fès, la croissance était négative entre 1982 et 2004 (-1%). C’est le cas également dans les 11 autres médinas. Avec -2,4%, la médina de Meknès recule plus vite que les autres.
Pourtant, la gentrification, « forme particulière de transformation sociale », montre aujourd’hui un fort attrait des étrangers et populations aisées pour les médinas. Là-dessus, l’expert appelle à relativiser. Car, la médiatisation de ce phénomène ne serait qu’un relatif facteur déterminant dans cet attrait que les chiffres de 2004 ne reflètent pas forcément (1.273 étrangers pour les 12 médinas). Pour l’auteur de cet article, cette gentrification reste un phénomène marginal mais très visible. Ce qui donne à ce phénomène, en apparence, des dimensions disproportionnées.
Fonction religieuse
« En plus de leurs fonctions d’ordre politique et économique, les médinas étaient conçues pour assurer une fonction religieuse ». La rupture de cette cohésion est à mettre au crédit de « la modernité et de l’urbanisation effrénées », écrit Saïd Chahoua, auteur des « Conséquences du dépeuplement sur les conditions d’habitation des ménages ». L’auteur montre également du doigt « l’afflux de contingents importants d’immigrés en provenance, en majorité, des campagnes ».
Source : L’Economiste - B. T.
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