
Le secteur de la construction au Maroc est confronté à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. En cause, les nombreux chantiers d’infrastructures lancés dans la perspective de la Coupe du monde 2030.
Médiatiquement, les Français immigrés au Maroc n’existent pas. Pourtant, ils sont nombreux à avoir franchi le détroit à la recherche d’un emploi au Maroc, qu’ils trouvent souvent assez facilement. Au Maroc, on a tendance à valoriser un Français plus qu’un Marocain sur le marché du travail. Pourquoi tout cela ? Tout simplement parce que le Français d’aujourd’hui descendant des colons d’hier continue à bénéficier d’un avantage comparatif d’un autre genre. Leurs aïeux ont installé un cheval de troie dans l’esprit des décideurs publics ou privés marocains.
La France maîtrise tous les rouages, sait qui fait quoi, où, quand, comment et avec qui. Aucun autre pays ne bénéficie d’un tel avantage même pas les Etats-Unis, la Chine ou encre l’Espagne, malgré la qualité de leurs structures de renseignement.
la France a quelque chose de plus. Une prédisposition des Marocains envers eux. C’est généralement pourquoi à travail égal, on récompense mieux un Français même si ses qualités ne sont pas avérées.
Un patron qui emploie une française comme responsable des relations publiques explique que son employée est un bon hameçon qu’il utilise efficacement dans sa pêche aux affaires. Lorsqu’elle va chez un client marocain, tout le monde lui ouvre les portes, on ne laisse pas attendre une française et puis même les grands décideurs tombent dans le piège.
Parole d’expert. La culture marocaine est pleine d’illustrations de cet état de fait. Quand on veut louer quelqu’un pour ses rendez-vous exacts on dit qu’il est gaouri. On dit gaouri également pour tout Marocain qui organise bien sa vie et qui vit bien. Le plus drôle c’est quand on qualifie de gaouri un Marocain qui ne pratique pas la corruption. Mal informés sur la société et surtout sur le monde des affaires et de la politique en France, les Marocains gardent toujours à l’esprit ce que leur ont raconté leurs parents et arrières grands parents sur le gaouri juste, travailleur, honnête et sérieux. S’ils pouvaient au moins lire les journaux et compter le nombre de scandales que connaît le pays des avions renifleurs, des HLM de Paris, des fragates de Taïwan ou encore de Bernard Tapie. C’est seulement dans ce sens qu’on peut dire que le modèle français fonctionne bien au Maroc. La corruption n’est pas un produit marocain, c’est un produit universel. Seulement, il y a des pays qui savent le cacher plus que d’autres. La France vit grâce à une rente historique qu’elle s’évertue à perpétuer coûte que coûte. Ses efforts sont certes facilités par la présence au Maroc d’anciens étudiants en France qui gardent le contact avec leurs anciens camarades de cours, devenus décideurs, mais ils semblent parfois superflu tant les Marocains restent demandeurs nets vis-à-vis de la France. Ceci dit, il ne faudrait pas en conclure que le Maroc et la France doivent interrompre leurs relations. Cela veut tout simplement dire que l’imbrication des deux sociétés ne trouve pas encore sa pleine illustration dans le domaine politique. La France doit cesser de voir dans le Maroc un pays à aider. Le Maroc doit cesser de se considérer comme un pays à assister.
Après cela, on pourra parler d’égal à égal. L’équilibre dans lequel les relations sont insérées est un équilibre archaïque et fragile qui repose sur un passé historique pas du tout favorable au Maroc. D’ailleurs le peu de considération accordée par la France au Maroc se retrouve dans le traitement réservé aux vétérans marocains des guerres menées par la France ou subies par elle.
Cet équilibre est instable et ne résistera pas aux changements politiques que peut vivre l’un ou l’autre des deux pays. De chasse gardée de la France, le Maroc devra devenir un camarade de chasse. Les deux pays réuniront leurs armes, leurs soldats et leurs chiens et iront chasser ensemble au grand bénéfice des deux. C’est semble-t-il ce qui est entrain de se passer dans certains secteurs comme les télécommunications. Il faut bien sûr, toutefois, que les gibecières soient transparentes.
L’Observateur - Hakim Arif
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