Le point, notamment sur la coopération économique entre les deux pays devait être le centre d’intérêt de cette rencontre, la première depuis décembre 2017, par un « Comité intergouvernemental de haut niveau », co-présidé par Castex et son homologue Djerad. À en croire des sources concordantes françaises et algériennes, Alger ne pardonne pas à Paris la taille de sa délégation ministérielle réduite à trois ou quatre membres du gouvernement, en raison du « contexte sanitaire ».
A cela, s’ajoutent d’autres raisons que traduisent les médias algériens où on peut lire « Provocation » sur la question du Sahara, « armada de journalistes parisiens, qui pouvaient mettre à profit cette visite pour focaliser sur les militants du Hirak », le mouvement populaire qui exige un changement de régime depuis deux ans, à la grosse colère des autorités algériennes qui limitent la couverture du pays par les médias étrangers, via les longues et éprouvantes procédures d’accréditations.
En outre, l’Algérie voit dans l’annonce de l’ouverture d’un bureau à Dakhla, faite jeudi 8 avril par le parti du président français LREM (La République en marche) « une provocation » de la France, explique à l’AFP, le chercheur algérien Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen à Genève, soulignant qu’ « il y a un courant anti-algérien (au sein du parti présidentiel) qui veut maintenir la tension entre les deux pays ».
Fait aggravant, poursuit El Watan qui dénonce « le jeu trouble des autorités françaises », le même jour, lors d’un entretien avec son homologue marocain Nasser Bourita, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, a renouvelé « le soutien de la France au plan d’autonomie marocain comme une base sérieuse et crédible » pour la solution à ce conflit. Autre raison qui fâche indique Le Quotidien d’Oran, l’ambassadeur algérien, présent « à Paris depuis huit mois », attend toujours de présenter ses lettres de créances au président Macron. Et El Khabar, le plus fort tirage arabophone de conclure : « le report de la visite de Castex confirme la profondeur du fossé entre l’Algérie et la France ».
Pour Abidi, ni la version française sur le report (« contexte sanitaire » du Covid-19) ni celle avancée en coulisses par Alger sur la taille de la délégation, ne sont crédibles.