La crise diplomatique entre la France et le Maroc prend des dimensions insoupçonnées, et la suspension par le Maroc, des conventions judiciaires entre les deux pays signe la fin d’une période sans couacs depuis l’intronisation du Roi Mohammed VI en 1999. Mais revenons point par point sur la chronologie d’une crise annoncée, qui a pris racine dès 2011.
• Avril 2011 : Dans une tribune publiée sur le site huffpost, l’acteur-militant Javier Bardem fustige le rôle de la France dans ce qu’il appelle "la dernière colonie d’Afrique". "Grâce à l’appui de la France au Conseil de sécurité de l’ONU, la Minurso n’a pas de mandat pour surveiller situation des droits de l’Homme", écrivait-il.
• Octobre 2011 : Dans une déclaration à l’ONU, l’acteur se "déclare partisan d’un vote sur l’autodétermination de ce territoire annexé par le Maroc". Au début du même mois, il avait également signé une tribune sur la question dans le quotidien le plus lu d’Espagne, El Pais.
• Février 2012 : l’acteur présente le documentaire "Les fils des nuages, la dernière colonie", qu’il a également co-produit.
• 2 avril 2013 : Kerry Kennedy, présidente de la Fondation "Robert F. Kennedy" fait appel à Javier Bardem pour l’aider à sensibiliser l’opinion publique dans le but d’inclure la défense des droits de l’Homme, dans le mandat de la Minurso.
• 23 Avril 2013 : Lors du vote, les Etat-Unis reculent in-extremis. Washington décide d’abandonner l’idée d’inclure les droits de l’homme dans le mandat de l’ONU. Le texte mentionne uniquement la nécessité d’encourager au respect des droits de l’homme.
• Février 2014 La sortie en France du documentaire "Les Enfants des Nuages, la dernière colonie" (30 avril 2014), coïncide avec le vote de l’ONU sur le prolongement du mandat de La Minurso. Le timing est très bien trouvé, puisque c’était également le cas en 2012 et en 2013. La médiatisation se fait en général quelques semaines avant le vote de l’ONU.
• 20 février 2014 : Dans le cadre de la promotion de son documentaire, Javier Bardem fait état d’une confession plus que douteuse de la part de l’ambassadeur de France à l’ONU. Ce dernier aurait qualifié le Maroc de "maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre".
• 21 février 2014 : la police fait une descente dans la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris. Motif : une convocation de la part d’un juge parisien pour Abdelatif Hammouchi pour des cas de tortures. Le patron du contre-espionnage marocain est présent depuis quelques jours à Paris, avec le ministre de l’Intérieur Mohammed Hassad, pour une rencontre avec ses homologues européens.
• 22 février 2014 : Le Maroc s’insurge et convoque l’ambassadeur de France à Rabat. Pour le Maroc, la procédure n’a pas respecté les canaux diplomatiques d’usage et il le fait savoir.
• 24 février 2014 : le Quai d’Orsay, présente "les regrets" de la France, regrets qui ne semblent pas convaincre le Maroc.
• 24 février 2014 : Le Roi Mohammed 6 reçoit un appel du président français François Hollande. Les deux chefs d’Etat conviennent de "poursuivre les contacts durant les prochains jours au niveau des deux gouvernements, et d’œuvrer dans l’esprit des relations d’exception qui lient le Maroc et la France"
• 25 février 2014 : Manifestation de plusieurs milliers de Marocains, devant l’ambassade du Maroc à Rabat. Les manifestants ne décolèrent pas après les propos prêtés à l’ancien ambassadeur.
• 26 février 2014 : les relations s’enveniment davantage avec un communiqué laconique du Ministère de la Justice marocain. Ce dernier, n’ayant pas été satisfait des réponses apportées par la France, décide de suspendre tous les accords judiciaires liant les deux pays.
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