Certains fonctionnaires de son service sont également dans le collimateur de la justice. Selon le ministère, le docteur et le personnel de l’hôpital sont soupçonnés de « corruption et de chantage à l’égard des patients ». Fait plus grave, ces pratiques auraient conduit à des cas de décès, par négligence, de femmes au cours de l’accouchement. C’est du moins les conclusions de l’Inspection générale de la Santé qui a menée une enquête sur ce dossier. Le ministère a adressé, le 8 septembre, une demande au procureur du roi près du tribunal de Béni Mellal pour effectuer une enquête à ce sujet et décider des suites qu’il jugera utile de donner à ce dossier.
L’autre cas présenté à la justice concerne un chirurgien (Dr M.M.) à l’hôpital Abou Al Kacim à Ouazzane. Le ministère a reçu plusieurs plaintes portant principalement sur des accusations de corruption contre le médecin et des fonctionnaires de l’hôpital. Ce département a dépêché l’Inspection générale sur place. Son rapport confirme les faits qui lui sont reprochés.
Le nombre de dossiers qui atterrissent devant les tribunaux peut paraître dérisoire au regard de l’ampleur de la corruption qui sévit dans ce secteur. Mais, « ce n’est qu’un début », affirme une source proche du dossier. D’ailleurs, d’autres dossiers relatifs à la lutte contre la corruption sont en phase d’enquête interne menée par l’Inspection générale du ministère.
C’est le cas notamment d’un pharmacien de l’Institut national d’oncologie de Rabat qui a été épinglé pour un détournement de 2 millions de DH.
Un médecin qui exerce dans un hôpital à Casablanca a été suspendu. Un autre à Oujda est impliqué dans une affaire d’intervention chirurgicale effectuée dans une clinique privée et ayant conduit à un décès. A Zagora et à Laâyoune, c’est l’Inspection générale des Finances qui a débarqué… autant d’affaires qui aboutiront dans les prochaines semaines devant les tribunaux.
Baddou met la pression, via notamment des visites inopinées dans des hôpitaux comme cette semaine à Casablanca. Elle devrait les étendre aux CHU qui connaissent des problèmes similaires. En tout cas, c’est une première dans les annales de ce département déjà mis à l’index par les associations de lutte contre la corruption. Elle aura, on l’espère, valeur d’exemple.
Le numéro vert opérationnel en octobre
Le numéro vert pour dénoncer les infractions et les tentatives de corruption dans les services des hôpitaux sera opérationnel en octobre. Il sera doté de 6 lignes téléphoniques qui devront fonctionner toute la journée. Les informations recueillies seront traitées avant d’enclencher des enquêtes préliminaires. Cette opération du ministère de la Santé est montée conjointement avec Transparency Maroc, l’ONG spécialisée dans la lutte contre la corruption.
Source : L’Economiste - Mohamed Chaoui