Deux îlots à l’origine d’une prochaine crise entre l’Espagne et le Maroc ?
Une nouvelle crise se profile entre le Maroc et l’Espagne, une quinzaine d’années après le conflit qui a opposé les deux pays pour l’îlot Leila ou Perejil.
L’Espagne attend une réponse officielle du Maroc à sa demande de retrait des soldats marocains installés depuis jeudi sur un îlot contesté le long des côtes marocaines, mais Rabat considère que cette île est sous sa souveraineté depuis 40 ans.
Avant d’entreprendre d’éventuelles actions diplomatiques, juridiques, ou militaires, le gouvernement espagnol mise actuellement sur la diplomatie. Il espère recevoir rapidement une réponse officielle du gouvernement marocain à la note verbale dans laquelle il lui a demandé de "rétablir le statu quo actuel" sur l’île du Persil (ou île Leila), c’est-à-dire de retirer la dizaine de soldats marocains qui s’y sont installés jeudi.
La ministre espagnole des Affaires étrangères Ana de Palacio s’est entretenue, par téléphone, vendredi soir, avec son homologue marocain Mohamed Benaissa, afin "d’aider à trouver une solution satisfaisante" au contentieux.
Cette opération est intervenue à la veille de la cérémonie officielle du mariage du roi du Maroc Mohammed VI à laquelle le roi d’Espagne était absent.
La ministre a précisé que la position du gouvernement espagnol est, pour l’heure, de replacer l’installation soudaine des soldats marocains sur un îlot rocheux inhabité, dans le contexte du traité d’amitié entre les deux pays, sans entrer, "au moins pour le moment", dans un "débat de nature juridique sur la question de la souveraineté" exercée sur cette île.
Les autorités marocaines doivent comprendre que cet incident "est incompatible avec un traité d’amitié", a-t-elle dit à la presse. Elle n’a pas voulu préciser combien de temps le gouvernement espagnol est prêt à attendre une réponse marocaine avant de prendre une nouvelle initiative.
Parallèlement, Madrid a entrepris de renforcer au cours des dernières heures, les petites garnisons espagnoles permanentes, généralement de 30 à 50 hommes, installées sur quelques îles sous souveraineté espagnole, le long des côtes marocaines : les îles Chaffarines, le Penon de al-Hoceima et le Penon de Velez de la Gomera. L’importance de ces renforts n’a pas été précisée.
Le vice-président du gouvernement Mariano Rajoy, avait indiqué vendredi que Madrid craignait une autre intervention marocaine après avoir observé, dans la matinée de vendredi, les manoeuvres d’un patrouilleur marocain près d’une des îles Chaffarines.
Tout est cependant calme dans les enclaves espagnoles de Sebta et Melilla, en territoire marocain, où se trouvent deux garnisons estimées à 3.500 hommes chacune.
Par ailleurs, selon Madrid, trois patrouilleurs espagnols demeurent en permanence à proximité de l’île du Persil.
Depuis le début de ce nouveau chapitre de la longue crise diplomatique entre Madrid et Rabat, le Maroc a affirmé que l’île du Persil est sous sa souveraineté depuis la fin du protectorat espagnol en 1956, et qu’il y aura désormais une présence militaire marocaine permanente sur l’îlot.
Dans une interview publiée samedi par la quotidien espagnol El Pais, le ministre porte-parole du gouvernement marocain Mohamed Achaari a réaffirmé que l’île est "marocaine" et que cela ne pourrait être "contesté", et il a confirmé que "l’installation d’un poste de vigilance permanent a été lancée" sur l’île.
Il a estimé que "la réaction de l’Espagne", qui considère le refus du Maroc de retirer ses hommes de l’îlot comme une "rupture unilatérale" du statu quo hispano-marocain prévoyant qu’il resterait démilitarisé, "a beaucoup surpris" le gouvernement marocain. "Elle est disproportionnée. Il n’y a pas de raisons d’en faire un drame", a-t-il assuré.
Depuis un an, les relations entre Rabat et Madrid passent par des crises successives en raison notamment de désaccords sur le conflit du Sahara - les positions espagnoles sont jugées favorables aux thèses du Front Polisario -, sur l’émigration clandestine et sur la pêche.
Source : AFP
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