
Les internautes ne sont pas tendres avec le film Marie, tourné à Chefchaouen (Maroc), qui cartonne pourtant sur Netflix depuis quelques jours.
Un flop ? Pas vraiment. Mais, en tout cas, la télévision numérique terrestre (TNT) peine à percer sur le marché et ne séduit pas le grand public. Lancée il y a un an, la TNT n’a réussi à convaincre que 100.000 clients, soit à peine 0,3% des Marocains. Ce qui est très peu compte tenu des ambitions de la SNRT lors du lancement en mars 2007.
Rappelons que, dès juin 2007, le taux de couverture de ce dispositif devait atteindre 77% de la population. Le déploiement de cette technologie a été, rappelons-le, fait par étapes pour des raisons de rentabilisation de l’investissement public qu’avait généré ce projet. Investissement qui avait nécessité plus de 100 millions de DH. L’essentiel a été consacré à l’installation d’émetteurs numériques, dont le coût d’acquisition est de 3,5 millions de DH/l’unité.
Au préalable, le pôle public avait lancé un programme de renouvellement des équipements en plus d’installations pour la numérisation et autres acquisitions de récepteurs dédiés. Et pour cause, dès 2015, le Maroc et les pays du Maghreb sont appelés à passer au tout-numérique et à la TNT. Les recommandations de l’Union internationale des télécommunications (IUT) sont on ne peut plus claires.
Aujourd’hui, le produit a du mal à passer sur le plan commercial. Le nombre d’unités de décodeurs TNT commercialisées jusque-là en témoigne. Contacté par L’Economiste, le service spécialisé au niveau de la SNRT n’était pas en mesure d’expliquer « cette mésaventure commerciale ». Mais, auprès du réseau de la revente, certains attribuent ce faible engouement aux prix des récepteurs jugés « excessifs » pour des produits, somme toute, basiques. Les prix varient entre 400 et 600 DH pour la formule standard et vont jusqu’à… 1.200 pour une offre de récepteurs dits hybrides qui servent à la fois à la réception via satellite et TNT. A noter aussi que le téléspectateur a, aujourd’hui, l’embarras du choix face à une offre satellitaire plus « croustillante ». Le piratage des récepteurs numériques basiques donne aussi accès à l’offre TNT via un satellite.
Le contenu et la qualité des programmes offerts par les chaînes du pôle public audiovisuel sont aussi pointés du doigt. Selon des spécialistes de la programmation télé, la technologie TNT est une solution qui a fait ses preuves dans la mesure où elle permet de diffuser les programmes son et image avec la qualité numérique. En clair, moins de déperditions du signal grâce à la technologie terrestre numérisée. Mais encore faut-il que le contenu, le bouquet de chaînes multiplexées, suive.
Les exigences des ménages et l’investissement en récepteur ou téléviseur doté de la TNT intégrée requièrent une valeur ajoutée non seulement dans la diffusion et la réception du signal, mais aussi dans la qualité des programmes. Rappelons que le téléspectateur marocain passe en moyenne 3 heures devant le petit écran, selon une étude récente. Ce qui requiert un nouveau concept de grilles et une production audiovisuelle adaptée aux besoins d’une cible avertie.
Source : L’Economiste - A. R.
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