Après une suspension due à la grève des acteurs de cinéma d’Hollywood, le tournage du film américano-britannique Gladiator à Malte reprend bientôt. Une partie du film a été déjà tournée à Ouarzazate, au Maroc.
La Cinémathèque de Tanger rend hommage à Izza Genini, première femme documentariste marocaine et propose l’intégrale de son oeuvre. Ses films sont marqués par la volonté de témoigner de la singularité culturelle du pays, de la richesse de son patrimoine musical et de sa capacité a se perpétuer.
Izza Genini nous invitera aussi à découvrir ses coups de Coeur cinématographiques à travers une carte blanche, où vous pourrez voir notamment Satin Rouge de Raja Amari, ou encore Le Soleil d’Alexandre Sokourov.
Enfin, nous rendrons aussi hommage au talent de productrice d’Izza Genini avec la projection de "Transes" de Ahmed El Maanouni.
Rencontre avec Izza Genini
Comment êtes-vous venue au cinéma ?
Je suis venue au cinéma par un chemin détourné : étudiante à Paris en anglais en vue d’être interprète ou enseignante, j’ai du trouver un emploi pour payer mes études. Après avoir été institutrice un an, je fus engagée comme hôtesse d’accueil dans la salle de projection privée Club 70 (qui passait des films en 16, 35 et même 70mm !..) Cette salle était un lieu de rencontres de tous les professionnels du cinéma et pour moi l’occasion privilégiée de découvrir et de m’engager dans un univers qui me passionnait.
A cela s’est greffé mon retour au Maroc. Ce qui ne devait être qu’une semaine de vacances au soleil, se transforma en un véritable séisme qui allait engager toute ma vie au service de ma culture d’origine.
De là à conjuguer mon parcours personnel et mon activité professionnelle, il n’y avait qu’un pas. Je l’ai franchi dès 1973.
Pourquoi avez-vous choisi le documentaire pour vous exprimer ?
On peut en effet se poser la question car entre 1973, date à laquelle j’ai commencé à distribuer « 1001 Mains » de Souhel Ben Barka et 1987, date à laquelle je réalisai mon premier documentaire « Aïta », j’étais totalement et exclusivement investie dans le long métrage ; mais en spectatrice j’ai toujours aimé le documentaire aussi lorsque le désir s’imposa à moi de faire un film sur Fatna Bent el Houcine (Paix à son âme) c’est naturellement vers le documentaire que je me suis tournée -en pure autodidacte- !
Pensez-vous que le cinéma puisse être un outil de transmission de notre patrimoine culturel ?
Evidemment, au même titre que toutes les expressions artistiques et artisanales mais à la condition de se doter des outils de transmission et de pédagogie, c’est hélas là où il manque des maillons à la chaîne : autant les films de ma série « Maroc Corps et Ame » est vue à travers le monde, dans les manifestations, les universités, les médiathèques etc… autant elle a du mal à trouver sa distribution au Maroc, ne serait ce que sur un plan culturel dans les écoles, les conservatoires, les bibliothèques… je salue au passage l’initiative de la Cinémathèque de Tanger de présenter l’intégralité de ce travail.
Diriez-vous de votre oeuvre qu’elle constitue une encyclopédie vivante de la culture populaire Marocaine ?
Une encyclopédie, certainement pas. Tout au plus un témoignage car il n’est que le reflet d’un regard personnel, l‘expression d’émotions nées de rencontres que j’ai la chance de partager par le biais de ces films.
Ils n’existeraient pas sans la complicité et l’aide d’une foule de personnes, d’institutions et de circonstances auxquelles je voue toute ma gratitude.
Comment voyez-vous l’avenir du cinéma au Maroc, et en particulier du documentaire ?
Lorsque il y a une vingtaine d’années j’ai délaissé la production et la distribution des films de long métrage au profit de la réalisation des films documentaires, ce fut perçu avec un certain étonnement, voire scepticisme. Il faut dire qu’alors, ce genre souffrait d’une considération réductrice, il était vu, particulièrement en Afrique, comme un« sous produit » du long métrage qui n’avait ni les faveurs du grand écran ni celui des médias et des grands festivals, de plus il était victime de l’amalgame entre reportage, magazine, et « documentaire de création ».
Heureusement les temps ont changé, aujourd’hui la frontière entre les genres s’efface, la hiérarchie des moyens techniques entre 35mm ou vidéo s’estompe, pour laisser place prioritairement au talent.
Cette tendance touche aussi le Maroc qui fait de plus en plus de place au documentaire : dans les festivals de cinéma, par la contribution des chaînes de télé, à travers les initiatives des instituts français ou d’autres pays, … par l’enseignement, et les ateliers d’écriture et de développement.
Compte tenu de la mine de sujets qu’offre le Maroc, des dispositions naturellement artistiques du pays ( il suffit de voir son artisanat ) - et si les réseaux de distribution le permettent, - il y a vraiment matière à être optimiste.
Parlez-nous de vos projets.
J’ai plusieurs projets. Reprendre le scénario du film de fiction que j’étais en train d’écrire avant de m’engager dans la production et la réalisation de « Nûba d’ or et de lumière ». Creuser un peu plus profond les sillons de la musique en allant chercher dans le cri de la Aïta et celui du cante jondo du flamenco les voies souterraines des origines de ces chants et enfin me préoccuper des archives de mes films.
Izza Génini, Paris le 30 Juillet 2008
Ces articles devraient vous intéresser :