Le couple emblématique du cinéma marocain, Farah El Fassi et Omar Lotfi, a officiellement divorcé. La nouvelle, largement relayée sur les réseaux sociaux, a été confirmée par une source proche de l’actrice.
Orient – Occident, acte II. Après Whatever Lola wants, encore dans les salles, “Islamour” explore à son tour les ponts plutôt brisés entre ceux de là-bas et nous autres d’ici. C’est l’histoire d’un couple mixte. Lui est marocain, elle américaine. Ils ont la cinquantaine bien sonnée et ils vivent (plutôt bien) aux Etats-Unis. Mais il y a eu le 11 septembre 2001, jour où une partie de l’Occident à commencé à considérer une (trop grande) partie de l’Orient comme un nid de terroristes.
La bascule a brouillé les images. Le mari incarne brusquement un petit Ben Laden, l’épouse un petit Bush. Ce n’est pas juste, ce n’est pas vivable. Elle et lui se déchirent. Un beau jour, ils se résignent à transposer leurs problèmes existentiels de pays en pays, de monde en monde, de l’Amérique au Maroc. Notre couple plie bagage et rentre à L’Maghrib, direct au bled, là où le mari avait vécu une ancienne histoire d’amour mal enterrée.
Islamour est comme l’enfer : il est pavé de bonnes intentions. D’abord il y a le titre, joli mix entre la planète islam et la planète amour. Opposables ou juxtaposables ? Les deux à la fois, peut-être. L’intérêt du film est de constamment osciller entre les idéaux, les impossibles, de l’islam et de l’amour. Tout les unit mais tant de choses les séparent. Parfois bêtement. “J’ai voulu faire un film pour dire qu’on en a marre d’être perçus comme des fous (d’Allah)”, nous déclare, remonté, le réalisateur. Saâd Chraïbi est ce qu’on appelle un réalisateur plein de bonnes intentions. Son premier film, Chronique d’une vie normale (1990), peut-être son meilleur, tentait une première approche des années de plomb, bien avant que le sujet n’atterrisse sur le tarmac de la télévision marocaine. Son deuxième, Femmes et femmes (1998), était un honnête hommage à la douce moitié de ce pays. Son troisième, Soif (2000), tentait sans succès, mais avec courage, de restituer la “pénétration” française dans le corps du Maroc du 20ème siècle. Le quatrième, Jawhara (2004), avait un mérite, et pas le moindre : celui d’évoquer la condition des enfants nés en prison.
La morale fait le film
Que de bonnes intentions, donc. Islamour obéit à la règle. Le but est de montrer comment un homme “normal” peut basculer dans le petit fanatisme quotidien comme d’autres dans la folie. C’est un film sur le repli identitaire. Hakim Noury, décidément bon acteur, est cet homme complexe, un peu borderline, qui dénonce la mauvaise perception de l’Occident mais lui donne quelque part raison. La possibilité est ainsi donnée au spectateur de le percevoir comme une victime du terrorisme intellectuel américain ou, tout simplement, un petit Ben Laden en puissance.
Ce flottement constitue la réussite du film, ajouté au jeu de Hakim Noury, à celui de la revenante Souad Amidou (déjà remarquée dans Adieu mères de Mohamed Ismaïl) et à une certaine fraîcheur chez les jeunes comédiens. Ce n’est pas si mal. Le reste, disons-le, n’a rien de transcendant. L’intrigue parallèle ronronne mollement, le coup de théâtre final est aussi prévisible que la pluie par un jour d’hiver. Dans le cinéma marocain d’aujourd’hui, Islamour fait figure d’élève moyen. Il y a encore dix ans, le film aurait pu passer pour une “œuvre courageuse dans l’air du temps”. La preuve que le cinéma de ce pays va mieux.
Paradoxalement, ce qu’il faut retenir d’Islamour correspond à ce qui fait hurler (de colère) tout spectateur lucide : la leçon de morale. Elle n’est pas de trop. On peut la décliner de plusieurs manières. Florilège : le bon musulman n’est pas forcément celui qu’on croit ; ce n’est pas Dieu mais les petits drames personnels qui poussent un homme vers le fanatisme ; l’Amérique n’est plus l’Amérique depuis le 11 septembre, etc. On le savait déjà ? Allez, ce n’est pas si grave de (se) le répéter.
Source : TelQuel – Karim Boukhari
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